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La presse béninoise vue de loin : Des journalistes africains de l’espace UEMOA décernent un satisfecit àleurs confrères béninois

lundi 12 avril 2010, par Dignité Féminine

Comment la presse béninoise est-elle perçue de l’extérieur ? Le moi étant haïssable comme le dit un écrivain français, nous avons interrogé pour vous, dans les coulisses du séminaire de 72 heures organisé par la Cour de justice de l’UEMOA àCotonou, au Bénin, une dizaine de journalistes des pays de l’espace UEMOA.

Dans leur ensemble, ils ont salué les efforts de leurs confrères béninois pour leur sens du respect des règles fondamentales et universelles de la profession. Certains, se livrant àun exercice de comparaison de la presse béninoise àcelle de leur pays, ont décerné un satisfecit àleurs confrères béninois. Exhortations àmaintenir le cap afin de contribuer au progrès de la démocratie béninoise, mais aussi stigmatisation subtile des insuffisances. Suivons-les plutôt.

Illa KANE, Directeur de publication de l’hebdomadaire LA GRIFFE (Niger)

« Le premier constat que je fais est que vous avez beaucoup de quotidiens privés. Au Niger, nous n’en avons pas un seul àl’heure où je vous parle.  »
}Merci pour cette opportunité que vous me donnez de ‘’juger’’ la presse béninoise. J’avoue que c’est àun exercice difficile que vous m’invitez étant entendu que nous autres journalistes, nous ne sommes pas habitués àparler de nous-mêmes.

Je n’ai pas la prétention de connaître véritablement la presse béninoise. Mais puisque je suis àmon deuxième séjour dans votre pays, je m’estime en mesure de faire quelques constats par rapport àcette presse, ne serait-ce qu’en essayant de la comparer àcelle de mon pays, le Niger.

Le premier constat que je fais est que vous avez beaucoup de quotidiens privés. Au Niger nous n’en avons pas un seul àl’heure où je vous parle.
J’estime que c’est un grand mérite pour la presse béninoise.

Le deuxième constat que j’estime fondamental, est cette liberté de ton que je remarque au niveau des médias d’Etat, notamment le quotidien national ‘’LA NATION’’. On m’a expliqué que cela est dà» au fait que le directeur de publication de ce journal est choisi sur la base d’une sélection faite au niveau de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).

Je trouve cette démarche assez excellente, quand je la compare àcelle qui a cours dans certains pays où les responsables des médias d’Etat sont directement nommés par les tenants du pouvoir dont ils finissent par devenir, et c’est tout àfait normal, des serviteurs zélés. Vous me permettrez de finir en encourageant votre journal ‘’ Dignité Féminine’’ dont j’ai eu l’occasion de parcourir quelques numéros. J’ai admiré le fait qu’il soit dirigé par une femme. C’est important de souligner cela quand on sait que dans nos pays, les femmes journaliste préfèrent plus aller du côté de la presse audiovisuelle.

J’ai aussi apprécié le fait que vous traitiez des sujets sociaux. J’ai lu un article intitulé ‘’Dégâts de la téléphonie mobile dans les relations interpersonnelles : mensonge et tricherie trouvent terrain fertile’’, dont j’ai beaucoup aimé le contenu.

Mountamou Kani, Journaliste, Rédacteur en chef de l’Express du Faso, quotidien burkinabè basé àBobo-Dioulasso

« On a au Bénin, comparativement àd’autres pays de la sous- région, une presse dynamique, vivante et surtout responsable, consciente de son rôle.  »

Mon appréciation sur la presse béninoise est positive. Vous savez, on a continué de dire que la presse est le baromètre de la démocratie. Il n’y a qu’àconstater la vigueur, la vitalité avec lesquelles s’exerce la démocratie béninoise pour apprécier véritablement le rôle de la presse. On a au Bénin, comparativement àd’autres pays de la sous-région, une presse dynamique, vivante et surtout responsable, consciente de son rôle. C’est une presse non partisane, mais constructive.

J’ai souvent l’habitude de dire que la presse n’est pas contre le pouvoir, c’est un contre-poids. Elle n’est pas non plus opposée àl’opposition. C’est ce rôle de contre-poids que joue àfond, véritablement la presse béninoise.

Je voudrais vraiment saluer cet engagement de mes confrères béninois qui fait de leur pays un modèle en matière de démocratie dans la sous-région, en Afrique et même au-delàdu continent. Je remercie également Dignité Féminine pour cette occasion qui m’est offerte de m’exprimer sur la presse du Bénin.

Vous savez, le métier de journaliste est très souvent mal vu pour les femmes. C’est avec beaucoup d’admiration que je salue le travail de Dignité Féminine qui n’est pas facile. En tout cas chapeau àtoute l’équipe qui fait la différence.

Wattara Fatouma, Burkina Faso : organe de presse : Siduraya (presse d’Etat)

« â€¦j’ai senti une liberté de ton dans les langages  »

Après quelques jours passés au Bénin, j’ai été séduite par la pluralité de la presse béninoise. Alors que chez nous, il n’y a que 3 quotidiens, j’ai dénombré plus d’une dizaine ici. Mieux, j’ai senti une liberté de ton dans les langages. Ce qui dénote que la démocratie est une réalité au Bénin. Même la presse d’Etat arrive àse départir de la propagande pour faire des analyses sérieuses.

Ensuite, j’ai apprécié le fait que les journalistes béninois accordent une place particulière àla santé dans leur organe, notamment la pharmacopée traditionnelle. Ce qui est une bonne chose, un exemple que les autres confrères de l’UEMOA devraient suivre, car nos populations n’ont pas toujours accès àla médecine moderne.

Augustin K. AMEGA, D.P Le Canard Indépendant, Togo

« A première vue, on note notamment dans la presse écrite, une tendance àl’élimination des frontières entre l’information et la communication.  »

72 heures, vous convenez bien avec moi que c’est trop peu pour donner un avis pertinent, prenant en compte tous les aspects relatifs aux exigences. Je retiens cependant que la presse au Bénin est diversifiée et plurielle. C’est déjàlàun sujet de satisfaction. Elle donne une vitalité àla démocratie béninoise dans un souci de préservation de la paix sociale.

C’est àsaluer. Mais àpremière vue, on note, surtout dans la presse écrite, une tendance àl’élimination des frontières entre l’information et la communication. Certains organes donnent, àla lecture, l’impression de faire du marketing politique pour un bloc politique ou un autre.
Ici comme ailleurs, la pratique du journalisme professionnel perd de son essence au profit de la communication.

ALIU SEIDI , journaliste, Guinée Bissau

Pendant mon séjour de 3 jours au Bénin, j’ai vu que c’est un pays du futur, avec une population très gentille et déterminée pour le développement de son pays.

Sur la presse, TV et journaux, les journalistes font un grand travail pour tous les Béninois, parce qu’ils donnent de très riches informations.

Ferigne A. Boye, Journaliste/ Agence Presse Sénégalaise (APS)

« La presse béninoise gagnerait àmarquer la distinction entre faits et commentaires. Il faut alors plus de formation.  »

« Mon premier contact avec la presse béninoise s’est effectué avec des camarades béninois de promotion du CESTI au Sénégal, entre autres, Maxime Ahotondji, Souleymane Ashanti, Brigite Adélakoun. Et la plupart d’entre eux sont soit àla télévision, àla radio nationale ou dans des institutions d’Etat. Je puis dire qu’ils sont d’excellents professionnels àl’instar de bien d’autres.

La période de démoctisation du Bénin s’est accompagnée également du développement parallèle de la presse béninoise àtout point de vue. Et comme avantage de cette évolution, je vois qu’il y a un pluralisme médiatique chez vous qu’il faut saluer, aussi bien dans la presse écrite que dans l’audiovisuelle. C’est vrai que je n’ai pu suivre les radios locales, mais les télévisions que j’ai suivies font des prestations honorables, même si la qualité reste àaméliorer.

Au niveau de la presse écrite également, je vois que l’offre est plurielle. Peut-être que du point de vue éditorial, il va falloir faire quelques efforts, surtout en termes de respect des règles déontologiques liées àl’exercice de la profession, la séparation des faits des commentaires. Il me semble que cette séparation n’est pas nette dans la production écrite. La presse béninoise gagnerait àmarquer cette distinction entre faits et commentaires. Il faut alors plus de formation. Par le passé, nous recevions àDakar des étudiants en journalisme et journalistes qui venaient pour la formation, soit àl’issue d’un concours, soit pour la formation continue. Je crois que ce sont des actions àsaluer et àmultiplier dans d’autres Etats. C’est une initiative performante qui permet de donner plus de crédit àla presse béninoise et un accompagnement meilleur àla démocratie au Bénin.

Du côté de la télévision, je trouve que vos émissions sont vraiment des émissions de format ‘’news’. Surtout, on a des éléments qui viennent des provinces (l’intérieur du pays).

Généralement, les télévisions en Afrique de l’Ouest sont limitées àune couverture des activités officielles, surtout de la capitale. Le vécu des populations des provinces n’est pas souvent relayé. Or, je me rends compte que le contraire est quand même assez développé ici, aussi bien au niveau de la télévision nationale que celui des chaines privées. C’est un complément qu’elles font : l’ouverture avec les débats et autres. En tout cas c’est bien.

Par exemple, j’ai vu que l’après-midi du mercredi dernier a été consacrée aux enfants sur l’ORTB : des émissions réalisées par des enfants et pour les enfants. Ceci avec des thèmes comme l’autisme, les maladies handicapantes pour les enfants. C’est une bonne initiative.
Sur Canal 3 également, j’ai suivi des émissions très riches : sport, divertissement, etc.

Par ailleurs, j’ai constaté que les langues nationales sont également présentes sur toutes les chaines. Cela est plus développé au Bénin qu’au Sénégal et dans d’autres Etats. C’est fondamental.
Quant au Journal Dignité Féminine, je vois qu’il y a la dimension genre qui est pris en compte. Bref, de façon générale, je crois que la presse béninoise a d’avenir. Avec un peu plus de formation, elle pourrait être plus compétitive.  »

Soly Bourama Dabo, journaliste Walf TV/ Sénégal

« Nous sommes satisfaits du travail que les journalistes béninois font et nous pensons que cela doit continuer ainsi, car vous avez une démocratie très avancée  »

« A l’issue des 72 heures que nous venons de passer au Bénin, j’ai vu l’empressement des journalistes autour du séminaire pour lequel nous sommes ici. Nos confrères ont manifesté une bonne volonté. Je trouve cela très bien. On voit vos publications, vos émissions àla télévision… Bref nous sommes satisfaits du travail que vous faites et nous pensons que cela doit continuer ainsi, car vous avez une démocratie très avancée. Le Bénin est l’un des pays africains où la démocratie connaît un niveau de progression très important.

Nous ne pouvons que vous encourager car le journalismeest un métier de courage, de volonté et d’abnégation.  »

Mme Gansiny Seck Dabo, Journaliste Radio municipale de Dakar (Sénégal)

« Nous sommes satisfaits du travail que les journalistes béninois font et nous pensons que cela doit continuer ainsi, car vous avez une démocratie très avancée  »

« En matière de presse au Bénin, mon premier constat est la pluralité des organes aussi bien au niveau de la presse écrite que de l’audiovisuelle. Comparativement au Sénégal, vous avez une presse vraiment très diversifiée. Je ne sais pas si cela est lié au nombre important de provinces (je veux parler des communes) que comporte le Bénin. Mais c’est sans doute une manifestation de la liberté d’expression dont vous jouissez. Et c’est un acquis important.

En parcourant quelques journaux et en suivant vos chaines de télévision, je me rends compte que vous avez une presse très critique. Les journalistes exercent librement leur profession. Ce qui est très important dans un pays démocratique. C’est vrai que nous sommes venus au Bénin àun moment où il y a un peu de tiraillement entre votre président et l’opposition politique. Certains estiment qu’il piétine les lois de la démocratie. Mais si on ne vous empêche pas de dire ce que vous pensez, c’est déjàbien.

J’ai vu un confrère du Bénin se rendre àla Cour constitutionnelle pour prendre une décision concernant l’invalidation d’une loi votée par le parlement sur la Lépi. Et il a pu obtenir le texte en question. Cela voudrait peut-être dire que l’accès àl’information est facile chez vous.
A propos du journal Dignité Féminine que j’ai eu l’occasion de parcourir, je vois que la sensibilité féminine y transparait. Son originalité est que contrairement aux autres journaux qui parlent essentiellement de politique, il y a une prédominance du social. Je trouve cela bien.

M. Mama Fofana, journaliste, Cote d’Ivoire (chef du service des relations extérieures au ministère de la communication)

« Ma première impression en tant que professionnel est que ce sont des journaux qui respectent l’éthique et la déontologie de notre métier ; ce sont des journaux d’information  »

« J’étais déjàau Bénin àl’occasion du sommet de la francophonie tenu àCotonou en 1995. Et je suis très heureux de revenir dans ce pays.
A propos de la presse béninoise, je suis des télévisions béninoises depuis Abidjan grâce au bouquet de Canal Sat. Je n’ai pas eu le temps de parcourir tous les quotidiens. Mais ma première impression en tant que professionnel est que ce sont des journaux qui respectent l’éthique et la déontologie de notre métier ; ce sont des journaux d’information. Ce qui est le sens même du journal, contrairement àailleurs où ce sont des journaux d’opinion qui comptent.

Or, il faut que les journaux se contentent d’informer et laisser les lecteurs juger les faits. C’est vrai que nous pouvons faire des commentaires et des appréciations, mais nous n’avons pas àimposer nos opinions aux lecteurs.

En suivant l’évolution de la presse dans la sous-région et en Afrique en général, je sais qu’au niveau du Bénin, la presse évolue en symbiose avec la démocratie dans le pays. Si le processus démocratique se passe bien, c’est que la presse fait son travail. A ma connaissance, les confrères d’ici n’ont pas trop de problèmes avec la justice. Ce qui veut dire qu’on les laisse faire librement leur travail. Et c’est important.  »

Moussa Hawani, journaliste, Télévision nationale du Niger ‘’Télé Sahel’’

« Nous saluons également la création d’un Journal ou de votre journal intitulé ‘’Dignité Féminine’’, ceci montre l’engagement des femmes dans la promotion de la démocratie àtravers le journalisme.  »

c’est important.  »

Pendant 72 H de séjour au Bénin, notre appréciation est positive par rapport àla presse béninoise. Nous avons remarqué l’abondance de la presse privée, notamment les journaux. Des journaux qui traitent de plusieurs thèmes importants touchant àla vie de la société, mais également qui touchent les activités officielles du pays. Nous saluons également la création d’un Journal ou de votre journal intitulé ‘’Dignité Féminine’’, ceci montre l’engagement des femmes dans la promotion de la démocratie àtravers le journalisme. Nous vous encourageons dans ce sens et nous vous souhaitons bon vent dans l’exercice de vos fonctions (de votre métier).

En recommandation, je vous suggère de vous intéresser aussi àla culture (évènements culturels, portrait d’artiste, découverte de talents (musique, artisanat, sport, …).

Evitez des titres pompeux dont la contenance ne reflète pas la réalité, c’est-à-dire le titre. Pensez également àintroduire quelques articles ‘’d’humour’’ ou insolites’’ pour joindre l’utile àl’agréable’’.
Nous saluons le promoteur de ce journal et tout le personnel pour le travail accompli.

Respectons la déontologie et faisons notre travail dans le respect noble de nos pays.

Propos recueillis par H. ATTIKPA

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