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Dégâts de la téléphonie mobile dans les relations interpersonnelles : Mensonge et tricherie trouvent terrain fertile

lundi 5 avril 2010, par Dignité Féminine

La révolution dans le secteur de la télécommunication n’est pas sans inconvénients sur les relations interpersonnelles. Si cette révolution favorise le contact entre les hommes, nombreux sont ceux qui s’en servent pour jouer de mauvais tours àleurs partenaires.

De notre investigation, il ressort que chacune des personnes interrogées se souvient d’avoir été au moins une fois victime ou coupable de manque de franchise dans l’utilisation de la téléphonie mobile.

Il y a quelques jours, nous étions fortuitement de passage dans un atelier d’imprimerie quand un garçon vint avec une commande de la part d’un client débiteur de l’atelier. Selon les consignes qu’il aurait reçues, le garçon devait lancer la commande au nom d’un autre client connu de l’atelier et en bons termes avec ses responsables au risque de se faire confisquer l’actuelle commande.

Mais le jeune commissionnaire n’avait pas encore fini de transmettre le message quand son commanditaire l’appela au téléphone. Or l’appareil se trouvait entre les mains des prestataires de service qui s’amusaient àl’observer. Le nom étant apparu sur le téléphone, ceux-ci devinèrent que c’était leur débiteur presque porté disparu depuis des mois qui appelait le jeune garçon. Confus, celui-ci ne sut répondre convenablement àla conversation suspecte.

Et le pot aux roses venait d’être découvert. « Ce n’est pas celui que vous croyez, c’est son homonyme  », tenta-t-il de faire croire aux autres. Trop gros et flagrant pour passer vrai. « Demande àl’intéressé même de passer chercher sa commande quand ce sera prêt  », lui a-t-on simplement servi pour obliger le débiteur àse présenter. Et on imagine le désarroi de ce dernier quand il apprendrait que son plan venait d’échouer.

D’un autre coté, c’est Modeste, rencontré sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi, qui nous raconte l’abus de confiance dont il a été victime de la part de l’un de ses camarades d’amphithéâtre. Alors que les deux s’étaient donné rendez-vous afin de régler l’affaire de prêt qu’il y avait entre eux, c’est Modeste seul qui s’est trouvé àattendre son camarade qui lui devait une somme de 10000 Fcfa et dont il avait besoin d’urgence en ce moment. Le temps passait et Modeste ne voyait pas son débiteur qui l’avait pourtant rassuré la veille. Il tenta en vain de le joindre par son téléphone – « hors de la zone de couverture du réseau  ».

Quelque temps après, il décide d’aller prendre "un pot" dans un bar non loin du campus pour digérer son désappointement. En chemin, il réussit àjoindre son débiteur qui s’excusait sous prétexte qu’il s’était réveillé avec des maux atroces de ventre et une fièvre l’obligeant au lit. La communication n’était pas encore àson terme quand Modeste surprit son débiteur « malade  » accompagné de deux filles dans le bar où il allait.

L’un et l’autre avaient son téléphone portable àl’oreille. Modeste qui ne connaissait pas son ami sous cet angle de mensonge ne s’en revenait pas. Mais il ne manqua pas l’occasion de recouvrer son dà». Il lui a tout simplement fallu le prendre dans un aparté pour le menacer de l’humilier devant ses « belles invitées  » pour que celui-ci, tout confus, lui donnât satisfaction.

Et que dire des relations entre beaux frères dégradées àpartir d’un simple appel téléphonique ? C’est Jeanne qui a rendu visite àson frère. Elle était aux toilettes chez le frère quand son conjoint l’appela. Et il a fallu que celui-ci décrochât pour que le conjoint le prît pour un amant de sa conjointe. Du coup, ce sont des écarts de langage, voire des menaces. Ce que n’a pu pardonner le beau frère offensé.

On pourrait multiplier les exemples dans ce registre de rôles indésirables joués par le téléphone portable dans les relations interpersonnelles. Quand on entre dans l’intimité des couples, on n’en finirait pas avec les dégâts que crée cet objet technologique. De loin, l’homme peut facilement faire croire àsa compagne qu’il est en mission àl’extérieur alors qu’il passe un moment agréable avec ses « bureaux  ». Idem pour les femmes qui rivalisent d’infidélité.

Mais parfois certains indésirables créent injustement des préjudices àcertains couples malgré leur franc jeu. C’est le cas d’une dame qui n’a de cesse de refuser les avances d’un de ses courtisans, collègue de service, mais qui reçoit de ce dernier àun moment où elle s’y attend le moins un message qui porte àcroire qu’elle serait son amante. Et chacun imagine la crise que cela pourrait engendrer en face de l’époux de cette dame. Comment pourrait-elle réussir àfaire comprendre àson époux qu’il n’y avait rien entre elle et le collègue en question ?

Les affaires professionnelles aussi en pâtissent. C’est ainsi qu’un homme d’affaire nous raconte qu’àcause de son épouse, il a perdu une affaire de gros sous. Celle-ci a, en effet, décroché son portable alors que c’est sa partenaire d’affaire qui l’a appelé. Elle croyait que c’était une maitresse de son époux.

Certaines personnes n’arrivent pas àempêcher leur conjoint (e) de fouiller leurs appareils. Et si difficilement, elles y parviennent elles doivent s’attendre àrépondre àdes interrogations agaçantes après chaque émission ou réception d’appel en présence de leur conjoint (e) jaloux (se).

Ainsi, s’il y a quelque chose auquel l’utilisation du cellulaire donne libre cours, c’est le mensonge avec tout son corollaire. N’est-ce pas cela le progrès ? Et comme l’a dit Henry Havelock Ellis, « ce que nous appelons progrès est le remplacement d’un inconvénient par un autre.  » Pour réduire les distances entre les hommes, certains estiment que ce moyen de communication a, dans une large mesure, dressé un mur plus ou moins opaque entre eux.

Ceci au point que certains en viennent àperdre la notion de visite de courtoisie. Et on peut rester sans voir ses parents ou ses amis pendant des années en se contentant de simples coups de fil pour demander d’après les uns et les autres. C’est quand un problème de santé intervient qu’on se voit obligé de descendre, encore qu’on pourrait envoyer l’argent des soins.

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