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Insalubrité àCotonou : Quand les malades mentaux s’y mêlent

mardi 11 mai 2010, par Dignité Féminine

Aussi insolite que cela puisse paraître, parmi les catégories de pollueurs qu’on peut distinguer au Bénin, figurent en bonne place les malades mentaux qui sont pour la plupart des « sans domicile fixe  ».

Ainsi il n’est pas rare que des usagers de la route se heurtent àdes amoncellements d’objets encombrants sur des trottoirs, chaussées, aux grands carrefours et autres, qui sont l’oeuvre des déséquilibrés. Un tour sur quelques voies de Cotonou donne droit àun constat désolant. La population, quoique indignée, clame son impuissance face àla situation.

Récipients usés, haillons d’origine douteuse, sacs de jute bourrés d’objets de toutes sortes, aliments pourris, bref tout un assemblage d’objets hétéroclites. Tel est le contenu des colis entassés par les malades mentaux au bord des grandes routes de Cotonou. Les usagers de la route sont habitués au fait qu’ils s’efforcent de les éviter quand ils y sont confrontés au beau milieu de la route

A chaque escale ses colis d’ordures

Véritables « SDF  », les malades mentaux sont en perpétuel déplacement, àl’image des nomades, sauf qu’eux sont àla recherche de tout et de rien. Comme le disait Jésus-Christ dans les Saintes Ecritures : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a nulle part où poser sa tête.  »

Et ils ne passent nulle part sans laisser de trace. Les ordures étant ce qui manque le moins, les regrouper pour en faire leur logis temporaire sur des trottoirs ne constitue pour eux qu’un jeu. Ainsi, leur credo semble être : « chaque jour un peu plus.  » Car ils ne se lassent d’augmenter quotidiennement leurs immondices qu’ils abandonnent dans l’intervalle de quelques jours pour recommencer ailleurs. Mais que deviennent ces immondices que les malades mentaux laissent partout où ils passent ?

Des témoins du spectacle en parlent

Au rond point appelé ‘’Le Bélier’’, sur la route Cotonou- Porto-Novo, la population assiste impuissante àune de ces Å“uvres des malades mentaux. Il s’agit d’une dame qui a fait sienne la chaussée du côté gauche de la route en allant àPorto-Novo, où elle a érigé son château d’ordures. Un commerçant tenant un magasin de pneus au bord de la route raconte sa cohabitation avec la dame : « Cela fait des semaines que cette dame a élu domicile devant nous, là. br>
Chaque jour, elle rapporte de son périple de nouveaux lots d’ordures qu’elle ajoute àce qu’elle avait rassemblé. Et vous voyez tout l’espace qu’elle a occupé. Tel un oiseau faisant son nid, elle va et revient plusieurs fois dans la journée avec des objets usés. Cela entraîne un essaim de mouches et de moustiques qui nous importunent de jour comme de nuit. Et les personnes bien portantes, voyant l’œuvre de la démente comme un dépotoir, en rajoutent. Certains passagers àbord de véhicules venant de Porto-Novo n’hésitent pas àuriner là, au vu et au su de tout le monde, une fois descendus.  »

Le lieu occupé par la dame en question se trouve être le point d’arrêt des autobus de l’université d’Abomey- Calavi. C’est donc làque les étudiants se regroupent pour prendre leur bus tous les matins et tous les soirs. Aussi, sont-ils obligés de supporter les odeurs nauséabondes des ordures servant de logis àla dame. L’un d’entre ces étudiants raconte ce qu’il subit tous les matins qu’il vient attendre le bus pour se rendre sur le campus : « On n’a pas le choix. Voilàque la dame n’est pas personne normale pour que nous la réprimandions. Toute notre prière quand nous nous trouvons ici est qu’elle ne nous agresse pas. Les autorités doivent faire quelque chose, sinon c’est un danger public. Et ce n’est pas bien pour l’image d’une grande ville comme Cotonou.  »

De même, pour un vendeur d’essence « Kpayo  » installé àquelques pas des déchets, on ne peut accuser la dame en question d’autant plus qu’elle n’a pas conscience de ce qu’elle fait. « Mais, ajoute –t-il, c’est dommage que cela ne dise rien aux autorités politico-administratives. Elles passent régulièrement par làsans que cela attire leur attention de nul d’entre elles. Et dire que nous sommes àCotonou ! Cela ternit l’image de notre ville.  »

D’un autre côté au niveau de la voie passant devant l’église catholique Sacré CÅ“ur pour Sègbèya, un autre malade mental a regroupé son tas non moins considérable d’ordures qu’il semble avoir abandonné. Et les objets usés que comportent les colis ont commencé às’éparpiller déjàsur la route. Ce qui a failli causer un accident tout récemment, selon la vendeuse d’articles divers se trouvant sur les lieux : « Je ne sais comment cela s’est fait pour qu’un gros colis de déchets se retrouve en plein milieu de la voie.

Par inadvertance, un motocycliste qui s’était retrouvé en face du colis, en voulant l’éviter a manqué de peu de cogner un autre motocycliste. Et il est tombé. Heureusement que les feux tricolores étaient au rouge et que les gens s’étaient arrêtés.  »

Généralement, les colis de déchets que les malades mentaux installent par-ci par-làne disparaissent qu’avec le temps, àforce d’être piétinés et avec le concours des intempéries. Mais cela doit-il continuer ainsi ?

La police environnementale appelée au secours

Si les familles des malades mentaux ont démissionné en les abandonnant àleur sort, l’Etat doit en faire de même du moment où ceux-làconstituent un handicap àla propreté de l’environnement ? Si les personnes bien portantes peuvent être sensibilisées puis réprimandées en cas d’atteinte àl’environnement, que faire de ces personnes inconscientes ? Autant d’interrogations qui doivent faire réfléchir les autorités politico-administratives.

Les agents d’entretien des voies n’évitent que trop les colis encombrants des malades mentaux, sans doute par crainte de se faire lapider. Et là, il faut que des dispositions soient prises par la police environnementale pour dégager les artères de ces colis. De même, si une solution peut être trouvée pour évacuer les malades mentaux, la route ne s’en portera que mieux.

Colbert DOSSA

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