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Mon cher fils, le roi des rois
lundi 16 février 2009, par
Vraiment, je suis contente de toi quoi. Tout va bien, tout va linsin linsin, non, c’est bien. Ah, tout grandit si vite que le programme de sous aux plus pauvres a eu déjà 2 ans quoi. C’est bien. Je t’ai vu prononcer ton discours à l’occasion de l’annif au terrain.
Naturellement, tu étais fier, car naturellement tout se passait bien. Les femmes chantaient ta gloire, ce qui naturellement ne pouvait que te réjouir. Et moi ta mémé, je m’extasiais dans mon doux divan que tu m’as acheté, savourant les belles images de cet annif à la télé que tu m’as achetée quand, brusquement, ton oncle a surgi.
Vraiment, ton oncle de l’autre bout du village n’aime pas me voir en joie quoi. Il a surgi avec une horde de femmes et d’hommes, à la mine totalement enragée, tous habillés de haillons qui apparemment ont souffert du manque d’eau et de savon. Puis, ils m’accablèrent de questions. « Mamie, ont-ils crié, dit-nous ce que nous avons fait de mal à ton fils pour que les crédits ne viennent jamais à nous. Ne sommes-nous pas plus pauvres que ces dames bien habillées qu’a montrées la cérémonie d’annif ?
Crédits aux plus pauvres sont-il désormais crédits aux plus proches des grandes villes ou plus proches de, nous ne savons pas trop, de quoi ? Non, Omondjagoun ne peut pas nous faire cela  » ont-ils décrié. Puis, après mes supplications, après leur avoir servi du riz que j’ai préparé pour l’an deux du programme, ils se sont calmés, me laissant une longue liste de plus de mille personnes, rien que de notre seul village, les unes aussi pauvres que les autres et qui ont besoin de crédits.
Non, mon fils, être chef, ce n’est pas facile, surtout dans un village comme le nôtre où il y a réellement la misère. Il fallait les voir avaler le riz, disputant les quelques morceaux de viande que je leur ai servis. Non, dis-moi, est-ce que pauvreté-là s’en va effectivement ? Naturellement, tu diras oui. Mais mon fils, les milliers de clavicules qu’exposent les cous de tes frères et soeurs ici, l’allure à laquelle ils ont avalé le riz tout à l’heure, te défient encore.
Ah ! Que faire ? Je te souffle qu’il faut revoir effectivement les choses et impliquer davantage les gens à tes bonnes actions. Tu peux compter sur anti touche pas, maman Djos, les fofos Zacharie et qui encore ? De toute façon, faut bien regarder dedans. Tous tes collaborateurs ne t’aiment pas et ne te disent pas la vérité.
A propos, dis-moi mon fils, d’où viennent encore les manifestations de soutien ? Te soutenir pourquoi et contre qui ? Non, arrête la saignée. N’oublie pas que ces soutiens n’ont pas donné de fruits pour les communales comme on devrait s’y attendre. Monso monso, mon fils, ètché kpèlè, tèrou tèrou et que Dieu te soutienne, lui le seul omnipotent. Ainsi soit-il.Ah, j’oubliais, dis merci à maman ta chérie pour la première pierre qu’elle a posée.
Affaire à suivre.
Nonnie, ta mémé