Fête de la Tabaski : Comment la politique divise vendeurs et acheteurs au marché du bétail de Djeffa

Mais entre la volonté et le pouvoir, il y a souvent un fossé que ne franchit pas toujours le premier venu. Ainsi, ils ne sont pas moindres ceux qui ont été obligés de se retourner du marché, le vendredi 27 novembre dernier, jour de la Tabaski, les bras ballants ou avec moins d’achats que prévus.

Pour eux, les vendeurs de moutons en feraient de trop en matière d’enchère alors que le gouvernement leur aurait supprimé les faux frais du transport. Ce que les autres ne sont pas tous prêts àreconnaître. Dès lors, entre deux achats, le ton ne manque pas de monter et on discute âprement politique au milieu des bêtes que ne sont pas prêts àcéder les vendeurs aux prix que proposent leur leurs clients.

« Avec tout ce que notre gouvernement fait pour vous faciliter le transport de votre bétail, vous ne voulez pas nous faire un marché abordable. Comment tu vas me dire de donner 85.000 F CFA pour ce petit mouton !...  », s’emportait presque Abdou Adjidi. C’était au marché du bétail de Djeffa appelé communément Zongo, sur la route Cotonou Porto-Novo.

Son interlocuteur, le berger, d’un air imperturbable, attire àlui le mouton ciblé, le palpe de façon ostentatoire pour convaincre son client avant de déclarer :

 Â« Regarde toi-même le mouton. Maintenant, c’est le marché : tu dis ton prix. Si c’est bon, je vais te laisser ça. On n’est pas làpour discuter de ce que le gouvernement a fait ou pas. Et il ne faut pas croire que ce qu’on dit sur papier, c’est la réalité du terrain… En tout cas, parlons du mouton…  », se défendait Moussa Maïga, le vendeur.

C’est comme cela que les langues se déliaient le vendredi dernier au marché du bétail de Djeffa. Les acheteurs passaient par cet alibi de probable suppression des faux frais par le gouvernement pour tenter leur marchandage. Et comme Moussa Maïga, les autres vendeurs ne manquent pas d’arguments pour montrer le bien fondé du prix de leurs moutons.

Et pourtant, certains attendent le jour de la fête même pour se procurer leurs bêtes espérant en trouver moins cher. C’est le cas de François Adjagba qui ne s’explique pas sa désillusion sur le terrain. Pour lui, les moutons devraient coà»ter moins cher, le jour de la Tabaski parce que c’est le dernier jour de vente pour les commerçants qui sont censés appliquer la liquidation au risque de faire une mauvaise affaire. Mais c’est une autre réalité qu’il rencontre sur le terrain. Ce qui l’a obligé àacheter un mouton au lieu de deux.

Cependant certains, après leur achat au prix de longues discussions, ne manquent pas de reconnaître que les produits sont plus abordables cette année que les années précédentes. Ce qui justifie la satisfaction de Mohamed Abogourin traînant ses deux bêtes qui ne lui ont coà»té que 85.000 F CFA (l’un à40.000 F et l’autre à45.000 F) alors qu’il lui faudrait auparavant 70.000 F à75.000 F CFA pour prendre l’unité, donc 140.000 F environ pour les deux. Un avis que partage le vendeur Ousmane Gaho qui dit ne pas comprendre pourquoi les gens n’achèteraient pas, alors que ce serait abordable.

Cela va s’en dire, selon son collègue Ibrahim Aboubakar. Pour lui le marché a chuté parce qu’il y aurait trop de vendeurs qu’auparavant. Et malheureusement, il n’y aurait pas d’argent dans le pays, estime-t-il. Presque tous les commerçants de bétail tiennent le même langage dans le marché. La crise économique est donc passée par là.

Pourvu que les uns et les autres trouvent le minimum pour honorer leur Allah. Et comme l’a dit Mohamed Abogourin rencontré sur les lieux, « c’est le geste qui compte. Chacun n’a faire selon sa capacité.  »

Colbert DOSSA