Accueil > HEBDOMADAIRE > Société > REMISE DE CHEQUES A QUINZE OSC : Le projet Empower à l’assaut des violences (...)
REMISE DE CHEQUES A QUINZE OSC : Le projet Empower à l’assaut des violences faites aux femmes
lundi 27 avril 2009, par
Quinze organisations de la société civile ont reçu, la semaine dernière au Sun Beach Hotel de Fidjrossè à Cotonou, un appui financier du projet Empower. C’était au cours d’une séance de remise de prix aux quinze lauréats du premier tour du fonds de défi de Empower qui est un projet de l’USAID, mis en œuvre par CARE International en collaboration avec le ministère de la Famille et de la Solidarité nationale et certaines ONG. Ce financement permettra aux récipiendaires de renforcer leurs capacités d’intervention en vue de contribuer à la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes.
Le projet Empower a déjà formé ou orienté à ce jour 131.000 personnes dont 63% de femmes. Beaucoup de villages et quartiers de ville de notre pays ont également été touchés par les actions de Empower ; ce qui a permis de former plus de 3.000 personnes sur le diagnostic culturel communautaire pour la réduction des violences faites aux femmes et aux filles (VFF). Ces différentes personnes sont des points focaux qui mobilisent et conscientisent en permanence les populations à la base au respect des droits des femmes et des filles. C’est pour mieux renforcer cette initiative que Empower a donné aux quinze organisations de la société civile retenues un appui financier d’un montant total d’environ 30 millions.
La lutte anti-VFF est renforcée dans tout le Bénin
Les différentes structures bénéficiaires de cet appui financier proviennent de tous les compartiments majeurs de notre pays. Ainsi, l’action devra atteindre tous les départements de notre pays. L’environnement favorable pour la réussite de cette initiative est déjà créé, car bien avant cet appui, Empower a déjà œuvré et obtenu certains résultats non moins élogieux. C’est ainsi qu’entre autres, le projet a apporté son soutien direct à 828 victimes et survivantes des violences faites aux femmes et aux filles, appuyé et orienté plus de 200 cas de violences vers le système judiciaire dont 10 devant les tribunaux. Jérônine Mongbo, directrice du projet Empower, a lancé, à l’occasion de cette cérémonie, un plaidoyer à l’endroit du gouvernement béninois au regard du laisser-aller dont bénéficient les coupables des violences faites aux femmes afin que des mesures diligentes soient prises. Il faut que le pouvoir puisse donc contribuer à renforcer la confiance des populations, surtout des victimes, en la justice de notre pays. C’est cela qui explique que ce soit seulement 2 à 5 % des femmes et filles victimes qui sollicitent des aides au niveau d’agences sociales ou judiciaires. Le tableau est encore plus sombre au niveau des auteurs qui luttent contre les violences sur les femmes et les filles où moins de 4% ont déclaré, au cours d’une enquête réalisée par Empower, avoir été interpellés.
La directrice de Empower a quand même tenu à faire remarquer qu’il n’est pas juste de tenter de jeter la pierre aux acteurs du système judiciaire à tous les niveaux de notre pays, car les conditions de travail qui sont les leurs sont insupportables. C’est pourquoi elle a préconisé que l’Etat s’implique à améliorer les conditions de travail du personnel du système judiciaire afin qu’il devienne suffisamment sensible à la nécessité de l’application des textes. Cela est une nécessité urgente, car «  la faible sensibilité de certains agents de la justice aux violences faites aux femmes et aux filles et les manipulations exercées par les familles des auteurs, condamnent les femmes et les filles à subir des violences, et fortifient les auteurs à manipuler leurs actes  » a constaté Jérônime Mongbo. Pêle-mêle, elle a mentionné des cas tout aussi poignants les uns que les autres où la personnalité humaine de la femme béninoise est tout simplement chosifiée et sa dignité bafouée. Des cas de jugements fantaisistes face aux violences et autres brimades que les femmes et filles subissent et qui montrent que les quinze organisations de la société civile appuyées dans ce cadre ne manqueront pas de matière. Car leurs actions sont vivement attendues par des milliers de femmes en détresse et qui n’attendent que leurs interventions pour reprendre espoir et les auteurs pour se repentir et / ou répondre de leurs actes.
L’indispensable respect des clauses contractuelles
Rotimy Djossaya, coordonnateur national de CARE International au Bénin a, pour sa part, précisé que ce financement permettra aux quinze structures d’accroître leur compréhension des lois anti-VFF, leurs capacités de mobilisation et de veille ainsi que leur dynamisme à améliorer la prise en charge des femmes et des filles victimes et survivantes des VFF. Tout en félicitant les heureux bénéficiaires, il les a exhortés au respect scrupuleux des clauses contractuelles, notamment celles relatives à la bonne gouvernance, à la gestion transparente des fonds mis à disposition et à l’atteinte des résultats attendus. Il a assuré que son équipe de CARE est résolument engagée à les accompagner pour faire de cette initiative un véritable outil de mobilisation et de lutte efficace contre les VFF au Bénin. Il n’a pas manqué de remercier le gouvernement béninois en l’occurrence, le ministère de la Famille et de la Solidarité nationale et ses structures déconcentrées, de même que les autres structures impliquées dans cette lutte, pour leur engagement et leur disponibilité à assurer la prise en charge des victimes et à poursuivre les auteurs des VFF. Il a aussi lancé un appel à chacun et à tous pour faire partie de ce mouvement pour plus de dignité, pour un Bénin sans VFF, pour un Bénin respectueux des droits des femmes et des filles.
samuel AHOUANDJINOU