Accueil > HEBDOMADAIRE > Actualité / Politique > REALISATION DE LA LEPI : Tout le monde veut, tout le monde (...)
REALISATION DE LA LEPI : Tout le monde veut, tout le monde bloque
lundi 20 avril 2009, par
La Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi) a été au cœur de beaucoup de mobilisations la semaine écoulée. Elle apparaît aux yeux de tous comme un outil clé pour l’organisation d’élections justes et transparentes. Le gouvernement et l’opposition le reconnaissent, clament haut et fort leur bonne foi et se rejettent la responsabilité quant au blocage ou la lenteur du processus. Apparemment, tout le monde veut de la Lépi et tout le monde la bloque à la fois. Qui bloque alors la réalisation de la Lépi ?
Il règne autour de la Lépi une ambiance de ping-pong entre opposition et gouvernement, les deux parties se rejetant la responsabilité du retard dans sa mise en œuvre. Chaque partie joue au saint et traite l’autre de charlot qui refuse des élections transparentes en bloquant l’étude puis le vote de la loi électorale.
L’opposition veut-elle vraiment de la Lépi ?
Les ténors de l’opposition accusent le gouvernement d’avoir bloqué le processus du vote de la loi. Le gouvernement serait en train d’agir par le truchement du bureau de l’Assemblée nationale qu’il contrôle par son président, Mathurin Nago. Ainsi, de l’avis des opposants, le gouvernement de Boni Yayi ne serait pas en phase avec la réalisation de la Lépi et de sa mise en œuvre tant qu’il ne sera pas persuadé que cela sera à son profit. L’opposition argumente en déclarant que la réticence du gouvernement est liée au caractère transparent de cette loi électorale, car elle ne permet pas de prétexter des fraudes pour annuler des suffrages non favorables au pouvoir. Les opposants accusent les adversaires d’en face de vouloir mettre sur pied une Lépi truquée. Tout en jetant ainsi l’anathème sur le gouvernement, l’opposition semble afficher sa volonté face à cette loi électorale qui est un moyen essentiel pour des élections crédibles. Le débat au niveau de l’opposition sur le blocage de la Lépi épingle la personne du président de l’Assemblée Nationale, Mathurin Nago qui a la police des débats au parlement. Les opposants affirment que si on en est encore là , c’est parce que Nago, le chef du pouvoir législatif, l’a voulu. Le pouvoir, quant à lui, dénonce la mauvaise volonté des acteurs de l’opposition qui craignent la vérité des urnes en 2011. Le gouvernement à travers certains de ses ministres et autres partisans du chef de l’Etat et surtout les députés FCBE, est monté au créneau pour dire tout l’attachement du chef de l’Etat à la réalisation de la Lépi et dénoncer ceux qui sont réellement à la base du blocage du vote de cette loi.
Le gouvernement s’engage à défendre la Lépi
Certains ministres du gouvernement et certaines personnalités soutenant l’action du chef de l’Etat, dans leurs déclarations de la semaine, ont souligné le très fort attachement du chef de l’Etat à la réalisation de la Lépi pour son caractère pacifique indispensable à toute démocratie. Suite aux différents débats qui se mènent sur la Lépi, la coordination des députés de la mouvance présidentielle donne de la voix.
A travers une déclaration rendue publique le jeudi 16 avril dernier, ces députés tout en saluant la marche suivie de sit-in, organisée par la société civile sur le Parlement, pour exiger le vote à bonne date des lois relatives à la Lépi, réaffirment leur volonté politique à émettre un vote favorable pour ces lois. Pour la mouvance, l’initiative citoyenne des membres de la société civile, en dépit de contraintes de protocole parlementaire qui ont laissé planer le doute sur l’engagement politique des députés de la mouvance présidentielle de rendre effective la Lépi, est appréciable à sa juste valeur. Pour eux, la décision politique d’œuvrer à l’aboutissement à bonne date de la Lépi a été prise à l’unanimité au sortir de l’assemblée générale des députés de la mouvance présidentielle, tenue le 23 mars 2009 à l’Hôtel Plm-Alédjo. Le gouvernement de Boni Yayi vient confirmer, à travers ses députés, sa décision prise en assemblée générale d’émettre un vote favorable à la liste électorale permanente informatisée et «  s’oppose à tous les plans et manÅ“uvres de blocage en gestation contre la Lépi  ». Ces plans secrets et manÅ“uvres de blocage de la Lépi, selon la déclaration rendue publique par la coordination des députés de la mouvance, prévoient entre autres : l’introduction, lors de l’étude en plénière d’une demande de vote secret pour cacher au peuple la vraie face de ceux qui travaillent contre ses intérêts, l’émission d’amendements de diversion pour aboutir à une obstruction du vote de la loi, l’usage de questions préjudicielles fallacieuses pour faire perdre du temps et conclure à la non faisabilité de la Lépi pour 2011, la demande et l’organisation de suspensions intempestives de séances, l’introduction de propositions de report de séances.
Prenant le peuple béninois et la communauté internationale à témoin, pour la menace qui planerait sur la démocratie, l’Etat de droit, la paix et l’unité nationale et que constituerait toute opposition à la mise en place de la Lépi, la coordination des députés de la mouvance réaffirme son engagement à continuer d’œuvrer, sans désemparer, à l’organisation des élections transparentes, honnêtes, sincères et paisibles en 2011. Voilà qui est clair de la part du gouvernement et des députés qui lui sont favorables. Cela revient alors à conclure qu’au niveau de la classe politique nationale, l’environnement et la volonté favorables existent de part et d’autre même si un camp a du mal à croire en la sincérité de l’autre. La société civile, elle aussi, a manifesté la semaine écoulée pour appeler à faire diligence face à ce projet de loi.
La société civile aussi veut de la Lépi
Plusieurs organisations de la société civile ont tenu le mardi 14 avril 2009, un sit-in sur l’esplanade du Palais des Gouverneurs pour dénoncer la lenteur observée dans le processus de réalisation de la Lépi. Même si les organisateurs ont connu une déception face à l’attitude du président Nago, ils sont prêts à aller au bout tant qu’il s’agira de faire quelque chose pour préserver la paix, la sécurité et le bien-être de tous. Les organisateurs de la mobilisation de la société civile sont revenus bredouilles de la campagne de Porto-Novo parce qu’ils n’ont pu rencontrer le président Nago, mais leur geste a été assez louable et a donné un signal fort à tous ceux qui sont encore réticents vis-à -vis de cette loi, qu’ils sont dans l’œil du cyclone.
En tout état de cause, il est clair aujourd’hui que tout le monde déclare ouvertement vouloir de la Lépi.
Lors des travaux de la première session ordinaire de cette année 2009 qui s’est ouverte, le vendredi dernier à Porto-Novo, l’opinion publique pourra se faire une idée claire sur tous ceux qui veulent réellement de la Lépi ou non. Car, son étude figure en bonne place dans l’ordre du jour de cette session.
Samuel AHOUANDJINOU