- POLITIQUE - VIE POLITIQUE AU BÉNIN : Le peuple béninois gagnerait àredonner courage au président Boni Yayi

Aucun des deux extrêmes n’arrangeant les intérêts de la nation, le peuple gagnerait àredonner confiance et courage àBoni Yayi pour qu’il donne le meilleur de lui-même, ne serait-ce que pour les trois années restantes de son mandat selon la Constitution. Sans stimulus, l’être humain est réduit et peu fertile en imagination.

C’est un secret de polichinelle que la popularité du président Boni Yayi est en baisse depuis un temps, surtout dans les grandes villes du Bénin. Les résultats obtenus par la FCBE, un mouvement proche de lui, et les crises ayant précédé les élections ne font que confirmer cette thèse.
Le peuple béninois est unique en son genre, en sa manière de juger et de prendre position. L’ancien responsable de la BOAD commence certainement àl’apprendre. L’affirmation de l’autorité, l’envie de vite et bien faire qui faisait souvent déborder Boni Yayi de ses limites de fonction régalienne vers le territoire des compétences reléguées aux communes n’ont pas milité en sa faveur.

La loi du tout ou rien qui semble s’être emparée de ses proches quant au contrôle des institutions de la République a très vite été assimilée àde l’égoïsme que d’aucuns ne sont pas prêts àoublier. Puis, comme si tout cela ne suffisait pas, la crise alimentaire mondiale dont les prémices se sentaient depuis, s’accentua. Ce fut le comble. Il n’en fallait pas plus pour que les passions et ambitions se déchaînent, oubliant les mérites de celui-làqui a été élu par 75% des votants de 2006.
La période de grâce a tôt fait de laisser place àdes acharnements qui, àd’autres époques et dans des circonstances pareilles, ont fait partir Nicéphore SOGLO alors qu’il avait encore des recettes de développement àvendre au Bénin.

Boni Yayi, lui aussi technocrate, a certainement àapprendre des méandres du monde politique béninois. Mais, ce qu’il a et donne àprofusion, ce sont ses volonté et détermination. Les actions positives posées par lui depuis 2006 ne pouvaient laisser présager de la situation actuelle si ce n’est le zèle de certains de son entourage et les cas de bousculades des libertés chèrement acquises.
Des stations d’essence installées du sud au nord changent le visage du Bénin et feront, àcoup sà»r, reculer les damejeannes d’essence dite kpayo. Le programme de micro crédit aux plus pauvres a redonné la joie de vivre àdes milliers de femmes même si le mode de gestion de ce programme reste àrevoir.

La corruption devenue, entre temps, la règle se fait aujourd’hui non plus dans les mêmes proportions, mais aussi avec assez de craintes.
Les jeunes en quête d’emploi bénéficient désormais eux aussi d’un Fonds d’Aide àl’Emploi. Par ailleurs, de grands travaux sont entamés de part et d’autre dans le pays.
En deux années de pouvoir, le départ semble encourageant parce que l’envie de bien faire anime constamment le premier magistrat. L’exercice auquel le peuple devra s’adonner est d’oeuvrer àgarder intacte la volonté de bien faire du président tout en l’amenant par des critiques fondées, objectives et des propositions susceptibles de progrès, àrectifier le tir.

La pente actuelle que prennent les choses et qui consiste àlui prouver qu’il n’accomplit rien de bon est destabilitrice et risque d’émousser toute son ardeur. Or, il a encore au moins trois années devant lui, et le Bénin risque d’avoir un président découragé et donc sans initiative pour le reste du mandat. Le peuple perdrait ainsi trois années. Il vaut mieux que les ardeurs se calment et qu’on attente 2011 pour mesurer, tenter ses chances.

Honorine H. ATTIKPA