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L’ATELIER POLYVALENT D’INITIATION AU MÉTIER DE GBAFFO (DASSA) : Une trouvaille pour sortir les femmes de la précarité mais …

lundi 9 février 2009, par Dignité Féminine

L’ONG Coeur et Vie sise àDassa-Zoumè, en partenariat avec l’ONG internationale Amici di Francesco, a mis sur pied un atelier de production locale.

Cet atelier fonctionne depuis juin 2008 sous la dénomination d’Atelier Polyvalent d’Initiation au Métier (APIM) et recrute essentiellement
des femmes démunies et désoeuvrées. APIM se consacre uniquement àla teinture Batik et par ricochet àla couture et àla vente des produits dérivés. Il est dirigé par le coordonnateur de Coeur et Vie, M. Hyacinthe D. AOUAGOW et a son siège àGbaffo, une petite localité du Bénin située àhuit km de la commune
de Dassa- Zoumé.

Selon les explications de M. Hyacinthe D. AOUAGOW, l’Atelier Polyvalent d’Initiation au Métier se subdivise en trois grandes sections : la section teinturerie proprement dite, la section couture et la section vente. Ces trois sections sont étroitement liées et constituent les maillons de la chaîne de production.

« Le socle même de l’atelier et le point de départ de toutes les activités menées au sein de cette petite entreprise est la section teinturerie », indique le coordonnateur. L’idée de la création d’une teinturerie serait née du désir de venir en aide aux femmes inactives, de leur offrir l’opportunité d’apprendre un métier pour subvenir un tant soit peu àleurs besoins et àceux de leurs familles mais un métier qui sorte du commun.

La teinturerie a été l’option finale. Même les difficultés du métier et les risques de non écoulement des produits n’ont pas découragé les partenaires italiens d’Amici di Francesco qui financent le projet sous toutes ses coutures encore moins les membres de l’ONG Coeur et Vie.
L’initiative en valait la peine. Il a été donc fait recours aux soeurs salésiennes pour la formation sur place de ces femmes. Celles-ci ont délégué une teinturière du nom de Denise TOHO pour les initier àl’art de la teinture. Ladite formation a duré six (6) mois et fut clôturée par une cérémonie de remise d’attestations de fin de formation.

Les femmes d’APIM Gbaffo, sont sorties de la formation, aguerries et prêtes pour la nouvelle aventure. Elles maîtrisent dorénavant les différentes subtilités et les techniques afférentes àl’art batik : Attache, bougie, faufile, etc.…Tout ceci, pour obtenir une multitude de pagnes aux textures et aux couleurs variées. Certaines matières premières
(tissus écrus) utilisées proviennent des manufactures locales telles que la SITEX, la COTEB…
Les bazins quant àeux sont achetés au marché Dantokpa àCotonou.

Après le stockage de matières premières terminé, vient la phase de sélection des poudres de différentes couleurs. Ces produits sont savamment agencés avec d’autres composantes pour donner
une fixation et une qualité àla teinte. Les femmes travaillent ensemble, depuis la préparation des mélanges de teinte, en passant par la création de motifs, de dessins, et le choix des motifs àimprimer sur les différents pagnes jusqu’au séchage et àla conservation sur pagnes teintés.

« Nous faisons habituellement la teinture de huit (8) mètres de tissus par tête, expose Albertine TCHEKE et cela nous procure un revenu journalier de 1000FCFA par personne. »

De plus, Nicole DEDOKOTON révèle qu’en dehors de cette rémunération, elles disposent d’autres sources de revenus. « Il nous arrive de recevoir des commandes de teinture de bomba, de pagnes, de t-shirt dans le village et ses environs et quelques fois de Cotonou. Nous exécutons ces commandes dans un intervalle de prix de 500FCFA à2000FCFA » Elle souligne cependant que cela n’arrive pas couramment et que c’est l’une des raisons pour lesquelles leur groupement s’effrite.

Les difficultés ne manquent pas

Le travail est passionnant, la volonté au rendez-vous, mais les conditions d’exercice du métier ne sont pas des plus aisées.

Comme on l’entend souvent dire rien de grand ne se fait sans passion. La passion est comme une drogue qui enivre et conduit au sommet de la gloire. Cependant même avec toute la passion du monde, il faut user de patience et d’espérance. C’est ce qui a manqué àcertaines femmes qui ont déposé les armes avant la fin du combat.

Nicole DEDOKOTON énonçant toujours les causes du risque de dislocation de l’union, évoque le manque de compréhension et d’entente entre les femmes. Pour finir, elle conclut par ces mots : « La désolidarisation a frappé très tôt et d’un effectif de douze (12) personnes, nous sommes passés àcinq (5). Cela ne motive pas vraiment ! »

Albertine TCHEKE, pour sa part, déplore le fait que la source d’eau soit a environ 1km de l’atelier. Ces propos ont été renchéris par Rolande YEHOUENOU « Notre profession ne peut se faire sans eau. La teinture demande beaucoup plus d’eau qu’autre chose. C’est très pénible pour nous, vu également la rareté de l’eau dans notre zone. »

Un autre problème crucial a été également soulevé par Jeanne AGOSSADOU, responsable du groupe. Cette dernière affirme que les produits utilisés sont très salissants et que certains d’entre eux sont très malodorants et nuisibles àla santé. « Nous ne disposons pas de cache-nez solides et adéquats pour l’ouvrage. Notre organisme est en péril et nous encourons des risques de maladies. »

Pour conclure, Albertine TCHEKE a évoqué le manque de moyens financiers qui hypothèque l’évolution des travaux. Malgré toutes les misères qui pointent àl’horizon, APIM ne s’est pas arrêté là. Toujours dans le souci de s’améliorer et de promouvoir la consommation locale, la teinturerie a été étendue àla confection, sur place, d’articles de toutes sortes.

La section Couture

Ici, l’effectif du personnel est maigre et se réduit àdeux couturières :
Jeanne AGOSSADOU et Pierrette DADO. Cette dernière nous dévoile qu’au départ elles étaient quatre a être formées par un ressortissant togolais du nom de Messan TETE.

Sa consoeur, quant àelle, a énuméré les différents articles qu’elles produisent et qui sont àla portée de toutes les bourses : porte-rasoir, sac dame, sac d’écolier, porte-fruit, pochette, porte-monnaie, sac fourre tout, draps de lit, nappe de table, robes, tabliers, chemises, pantalons…

Ici aussi, se pose un problème de main-d’oeuvre

Pierrette DADO, veuve de 32 ans et mère de 3 enfants, reconnaît
qu’elle a du mal àjoindre les deux bouts. « A l’opposé des autres, moi j’ai mon atelier àDassa où je couds seule. Je n’ai plus d’apprentis et le travail m’est très pesant surtout lorsqu’il y a beaucoup de commandes.
Je dois satisfaire aux exigences d’APIM et àcelles de mes clients. »

Elle confesse cependant que les commandes sont très rares si ce ne sont des touristes qui donnent du boulot et du baume au coeur. La consommation locale serait donc quasi inexistante, ce qui revient àdire que les chiffres d’affaires ne sont pas des plus florissants.

D’avis avec sa collègue, Jeanne AGOSSADOU se désole de cet état de choses : « C’est décourageant ! Surtout que nos salaires s’élèvent à15% de la vente des articles que nous cousons. L’écoulement des produits se fait àpas d’escargot et nous risquons d’être de nouveau désoeuvrées ».

La Section Vente

Cette section est animée par Nicole DEDOKOTON et Rolande YEHOUENOU. Elles ont affirmé n’avoir réellement boosté leurs chiffres d’affaires qu’avec la venue des touristes européens, italiens et français notamment qui ont apprécié leurs oeuvres.

« Nous n’avons quasiment pas de débouché sur le marché local. », se plaignent elles estimant que si l’entreprise doit prospérer, cela défend de la consommation locale. « Les touristes ne seront pas éternellement làet si ce sont uniquement eux qui s’approvisionnent chez nous, APIM deviendra une entreprise saisonnière et disparaîtra sous peu avec toutes ses bonnes initiatives. » Elles invitent donc leurs chers compatriotes àfaire un effort dans le sens du développement de notre pays en consommant ce que nous fabriquons nous-mêmes.

« Notre développement économique dépend de cela. De plus, les produits importés que nous consommons sont plus chers que les produits locaux. Le prix de ces produits ne représente peut-être que le dix millième de nos dépenses onéreuses en prêt-à-porter, en supermarché…  »

Lucrèce DEGLA

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