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En politique, pèsent-elles réellement moins que les hommes ?
mardi 11 mai 2010, par
Ça chauffe, ça brà »le et pour l’instant, la ‘’ chose féminine’’ peut toujours attendre. Ah, oui ! 2011 arrive à grands pas et il faut vite, très vite aller à sa rencontre.
Pour une telle vitesse, une si vive allure, une mobilisation à la taille des enjeux, la gent féminine semble manquer d’une certaine enjambée, d’une efficacité, ou d’une …, on ne saurait trop la nommer, jugée incompatible avec les priorités de l’heure.
Tels semblent la considération, hautement erronée et le calcul d’une grave fausseté auxquels se limitent le gouvernement du changement. Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient, disait l’autre. Seulement, la promesse de 30% de femmes dans le gouvernement relève des opérations de charme, de l’appât tendu par le président élu et non plus du candidat. Le 9 mars dernier, cela faisait un an, jour pour jour, que le chef de l’Etat a solennellement promis la formation d’une équipe gouvernementale plus respectueuse des droits de la femme. Peut-être était-il trop enthousiasmé par le look, en cette ambiance du 8 mars, des braves femmes béninoises !
Mieux, il s’engageait également à proposer une loi en faveur de la promotion de la femme dans les instances de prise de décisions à tous les niveaux. L’institut de la femme, un outil de promotion de la gent féminine, tenait aussi en bonne place des promesses.
Heureusement que ce dernier ‘’cadeau’’ aux femmes a tenu un tant soit peu l’actualité. Mais, là aussi, la nomination d’une ancienne directrice de campagne dresse le lit à d’énormes défis. Pouvoir rassembler la majorité des femmes, quelles que soient leurs tendances politiques, savoir concilier les plus douces et les plus rebelles autour de cet instrument, la bataille ne s’annonce pas d’office facile pour la nouvelle promue.
La tentative de création d’un leadership omnipotent écrasant tout son de cloche contraire parait d’une évidence redoutable. Le souhait des populations de voir cet institut comme le creuset des femmes, aussi bien universitaires que celles de nos campagnes pourrait avoir du mal à se concrétiser. On pourrait assister à une certaine volonté d’en faire une autre université. Faudra-t-il déjà conclure par anticipation que la création de cet institut risque d’être un objet de récompense et de réconciliation pour service rendu plutôt qu’un cadeau aux femmes béninoises ? Wait and see.
Ce qui, par contre, est déjà visible et choquant, c’est que le remaniement ministériel promoteur des femmes relève de plus en plus du fictif. Les milliers de femmes béninoises, dotées de compétences indéniables dans divers domaines, se bousculent à la porte de nomination, curriculum vitae en main. Elles n’ont de cesse d’organiser elles aussi, pendant les week-ends, des meetings soigneusement tenus afin de consacrer leur popularité dans leurs régions.
D’autres, plus pondérées, préfèrent vivre sous le parapluie de leurs parrains qu’elles ne cessent, nous l’imaginons, de titiller par moments. Mais hélas ! Tout cela peine à séduire le chef et à lui rappeler sa promesse du 9 mars. Décidément, les femmes n’ont plus peut-être qu’à attendre qu’on finisse de dévisager les choses sérieuses .
Oui, 2011est trop sérieux pour rimer avec plus de femmes au gouvernement. Ceux dont on a besoin actuellement sont ceux que le jargon politique appelle les gros calibres, capables de drainer du monde, des voix. Les plus prisés pour cette cause se comptent dans le rang des politiciens, et surtout ceux du camp adverse. Les ’‘mouvanciers’’ fidèles sont devenus comme de vieilles épouses déjà domestiquées. Les dissidents et mécontents sont craints et courtisés. Ils sont chers, ils le savent et en font même des fois des chantages inadmissibles dans un pays où le développement continue d’attendre.
Les femmes, quant à elles, traînant toujours leur tare de manque de solidarité, observent et subissent en spectatrices inoffensives le malheureux théâtre politique. On les connaît, on n’a rien à craindre. En son temps, on savait les associer aux meetings, à la campagne électorale dans leurs habituels rôles peu reluisants. Pauvre faiseur de roi, à quand ta prise de conscience ? Bientôt, nous l’espérons.
Honorine H. ATTIKPA