Accueil > HEBDOMADAIRE > Actualité / Politique > Quatre questions à Raouf Affagnon, porte-parole du Front d’action des (...)

Quatre questions àRaouf Affagnon, porte-parole du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement : « Nous n’avions aucun intérêt àblanchir l’année  »

dimanche 21 mars 2010, par Dignité Féminine

Le secteur de l’enseignement du Bénin est paralysé. Pour cause, la grève sans cesse renouvelée déclenchée par le Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement depuis près de trois mois. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la déclaration du Chef de l’Etat aux responsables du Front au cours de l’audience àeux accordée le 10 mars dernier.

Quel est le mobile de la grève ? Qu’inspire aux enseignants le communiqué conjoint des Ministres de l’enseignement maternel et primaire et celui de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle ? Et les marches des élèves ?Nous avons rencontré Raouf Affagnon, l’un des porte-parole du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement ...

M. Affagnon, dites-nous en quelques mots, les revendications essentielles dont la satisfaction vous fera reprendre les chemins de l’école .

- Les différentes revendications du Front d’action àl’étape où nous sommes sont de deux catégories. Il y a des revendications sans incidence financière immédiate et celles avec incidence financière. Au nombre de celles sans incidence financière immédiate, le reversement qui est en chantier depuis 2007 et qui est encore en cours. 20 000 enseignants sont déjàréversés et il reste encore 12 000 qui attendent.
Autre chose, les commissions qui doivent travailler pour le règlement des contentieux liés aux avancements, aux promotions, aux classements, toutes choses qui constituent des droits syndicaux ont été bloqués depuis des années. Ce qui fait que jusqu’àen 2010, les enseignants continuent de percevoir les salaires de 2006 et 2007. Parce qu’ils n’ont pas eu droit aux avancements prévus par la législation.
Les autres revendications qui ont des incidences sont : l’indemnité de logement àrevaloriser àhauteur de 50%, l’allocation d’incitation àla fonction enseignante, l’indemnité de risque qui doit être payée àhauteur de 15 % du salaire.
Par rapport àl’incitation àla fonction enseignante, le gouvernement doit dépenser trois milliards par an. Ensuite, l’indemnité de logement qui doit être revalorisée àhauteur de 50%, demande àl’Etat, 1,7 milliards. Donc pour les revendications que nous considérons comme non négociables qu’il faut satisfaire, le coà»t est de 5 milliards.

Pensez-vous que le gouvernement est actuellement en mesure de les satisfaire réellement ?

- Oui. Le gouvernement du Bénin est le premier gouvernement qui, àma connaissance, dispose de ressources budgétaires et extra-budgétaires. Il faut vous dire que le Front ne souhaite pas que tout soit payé en même temps. Nous sommes des enseignants nationaux et nous connaissons les limites, les possibilités financières de l’Etat.

Vos sentiments face aux mouvements des élèves qui réclament les cours ?

- Je crois qu’il faut féliciter les élèves. Parce que dans la sous région, le Bénin est l’un des rares pays où les élèves ne bénéficient pas des cours d’éducation civique. Nous voulons faire d’eux de futurs citoyens et on les prive de leur droit àl’éducation civique. Mais il y a des ONG qui aident les enfants àapprendre ce que c’est que la démocratie, les fonctions de l’école, comment le budget de l’école est voté. Pour moi, c’était une surprise agréable que nos enfants commencent àrevendiquer leur droit. Ils ont droit àl’éducation et ils vont au-delàpour parler de formation de qualité.

Que vous inspire le communiqué du gouvernement qui prévoit des recrutements afin de pallier les effets de la grève des enseignants ?

- J’ai des sentiments de tristesse. Le fait qu’on veut recruter des gens pour remplacer ceux qui sont en grève est condamné par la loi au plan national et international. Sous le Président Mathieu Kérékou, on a tenté cette solution mais elle a échoué lamentablement. On lui a fait croire que c’est 401 qui étaient en grève, ils ont cherché leurs remplaçants mais ils n’en ont pas trouvé. Ceux qui seront recrutés n’auront pas de syndicats et de revendications. Ils prendront ce qu’on va leur donner. S’ils ouvrent la bouche pour revendiquer, on va les assommer, les mater.
Nous allons informer nos militants de ne pas s’affoler, que c’est juste pour les intimider. La première intimidation usée par le gouvernement est le prélèvement pour fait de grève. On apprend que si le recrutement ne marche pas, le gouvernement va réquisitionner les enseignants.
Mais la réquisition en milieu enseignant n’est pas autorisée par la loi. Elle ne se fait que pour la santé et le secteur de l’électricité et l’eau.

A qui profiteraient une année blanche et ses conséquences redoutables ?

- L’année blanche peut arranger le Chef de l’Etat. Puisqu’il a dit qu’il n’est candidat àrien. Nous n’avions aucun intérêt àblanchir l’année. La preuve il nous a dit d’aller fermer les écoles mais nous n’avions pas eu le courage de le faire et ce sont les élèves qui le font maintenant. Nous, nous observons àdistance.

A. Honorine & H.A

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Mots-clés : spipbb
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.