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Paralysie du secteur de l’enseignement : Le Front exige l’ouverture des négociations (Elèves et parents d’élèves jouent la médiation)

dimanche 21 mars 2010, par Dignité Féminine

Les enseignants réunis au sein du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement ont battu, vendredi 19 mars dernier, le macadam pour dénoncer ce qu’ils appellent le délit du droit de grève. Parti de la Bourse du travail, cette marche pacifique des hommes de la craie a eu pour point de chute le Ministère de la fonction publique où les enseignants ont dit àl’autorité leur mécontentement.

Ils ont quitté les lieux en renouvelant leur mouvement de 96 heures de grève pour cette semaine. Une situation qui n’est pas du goà»t des élèves et de la Fédération nationale des Associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin, lesquels usent de tous les moyens pour ramener les enseignants dans les salles de cours.

Loin des chants et danses habituels des marches de protestation, c’est une marche silencieuse que les enseignants membres du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement ont exécutée le vendredi 19 mars dernier. Alignés les uns après les autres, banderole noire sur le front, les manifestants qui ont quitté la Bourse du travail ont chuté au Ministère de la fonction publique.

Une fois sur les lieux, c’est une chanson funèbre que les enseignants membres du Front des trois ordres d’enseignement ont entonnée avant de se prononcer àl’autorité. « L’école Béninoise est fermée. Nous sommes des professionnels de l’éducation et nous n’avons plus accès ànos lieux de travail. Le socle de la démocratie Béninoise est fermé.  », ainsi s’est exprimé Raouf Affagnon, porte parole du Front, àla délégation du Ministère venue recevoir leurs doléances. A travers leur motion de grève, les enseignants réunis au sein du Front exigent : le reversement en Agents permanents de l’Etat, des enseignants contractuels recensés et la réouverture des négociations sur la base des propositions du Rapport général de la Commission ad’hoc qui, selon eux, sécurise l’enseignant et l’accompagne àla retraite.

En réponse àleurs doléances, le Directeur de cabinet du Ministre de la fonction publique a promis rendre compte àqui de droit afin qu’une suite rapide soit donnée àleur motion. « Il est de votre devoir de chercher àaméliorer votre condition de travail et de vie.  », a-t-il déclaré, avant d’exhorter les enseignants àla patience, car « c’est dans la patience que nous allons régler les problèmes  » a-t-il ajouté. Malgré cet appel, les enseignants membres du Front des trois ordres de l’enseignement décident de 96 heures de grèves cette semaine.

Parents et élèves appellent àla compréhension

La paralysie que connaît le secteur de l’enseignement depuis peu irrite les élèves et leurs parents. Pour les premiers et surtout ceux qui sont en classe d’examen, c’est la consternation totale. Sur une semaine de cours, àpeine arrivent-ils àassurer convenablement une journée de cours. A cet effet, après les élèves du Collège d’enseignement général de Dantokpa qui, en début de semaine dernière, ont manifesté leur mécontentement, c’est au tour de ceux de Godomey, Zogbo, Plateau Womin et de Souru Léré de crier leur ras-le-bol face àcette situation. A en croire Grâce Mindjissou, déléguée du CEG Souru Léré, leur désir est d’avoir une éducation de qualité et des cours en quantité.

« Nous ne voulons plus qu’on nous fasse des cours 1 sur 5 jours. Si avec le bon déroulement des cours, il y a des élèves qui n’arrivent pas àrendre correctement ce qu’on leur enseigne, que deviendront-ils avec un jour de cours par semaine ?  », a-t-elle laissé entendre. Elle a été appuyée par Guillaume Koba, porte-parole des élèves du Ceg Plateau qui a souhaité la reprise des cours. Pour ce dernier, l’éducation constitue pour eux, un droit et ils veulent l’avoir sans condition. Aussi, ils appellent les autorités et les partenaires sociaux àla table de négociation afin qu’une sortie heureuse soit trouvée àla crise.

Par ailleurs, dans l’optique de trouver une issue favorable àla crise qui secoue le secteur de l’enseignement, le Chef de l’Etat, Boni Yayi, a reçu en audience, vendredi 19 mars 2010, le Président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin. Ce dernier, àsa sortie d’audience, a confié que le Chef de l’Etat est toujours sensible aux revendications des enseignants. Pour ce faire, il souhaite que les enseignants renouent avec les cours et qu’eux plaideront leur cause auprès du Chef de l’Etat pour qu’une solution soit trouvée.

C’est dire que tous les acteurs àdivers niveaux de l’éducation sont soucieux de la situation et souhaitent un bon dénouement. Seulement, les enseignants ne veulent pas céder. Dans un communiqué de la Présidence de la République signé de son Secrétaire général, le Chef de l’Etat, face àl’exacerbation de la tension sociale, a demandé une trêve afin que les négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement approfondissent les différentes doléances. Mais vu la reconduction de leur grève cette semaine, on peut dire que les enseignants ont rejeté cette demande du Chef de l’Etat. Vivement que l’école béninoise soit sauvée.

Le gouvernement engage t-il un bras de fer avec les enseignants ?

Le gouvernement semble engager un bras de fer avec les enseignants. Au moment où ces derniers durcissent le ton par le renouvellement de leur motion de grève, le gouvernement, par le biais des Ministères de l’enseignement maternel et primaire et celui de l’enseignement secondaire, de la formation technique et professionnelle, a sorti un communiqué invitant les enseignants qualifiés às’inscrire sur les registres ouverts pour palier le manque d’enseignant pour fait de grève. Le CEAP, le CAP ou tous autres diplômes de l’enseignement secondaire sont les pièces que doivent fournir ces jeunes désireux d’aider le gouvernement àsauver l’école béninoise.

Le Chef de l’Etat, en agissant ainsi, semble ne pas être prêt àcéder aux exigences des enseignants. Car recruter aujourd’hui des personnes qualifiées comme les appelés du service militaire d’intérêt national pour supplier le vide créé par la grève des enseignants, c’est assurer le bon déroulement des cours. Cependant, le Chef de l’Etat, qui, vu les difficultés financières actuelles du pays, a déclaré ne plus être en mesure de satisfaire les doléances des enseignants, ne serait plus contraint de céder aux chantages de ces derniers.

Qu’il vous souvienne, les enseignants du supérieur, après quatre mois de grève, ont finalement obtenu la signature de leur nouveau statut. Parce que le Chef de l’Etat n’avait plus d’autres marges de manoeuvres, les enseignants du supérieur étant prêts àblanchir l’année universitaire. C’est dire que si le Chef de l’Etat procède de cette manière, c’est une façon pour lui d’éviter la pression populaire. Car depuis la déclaration de Raouf Affagnon, porte-parole du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement, après l’audience àeux accordée par le Chef de l’Etat, on a enregistré dans le pays des marches des élèves, des parents d’élèves et autres pour réclamer la reprise des cours.

Mais la question que bon nombre d’acteurs se posent est de savoir si c’est la bonne formule. Même si cette démarche vise àdémobiliser ces enseignants qui pourront avoir peur de perdre leur fonction, elle semble ne pas favoriser le dialogue. Par le passé et sous ce même régime, un recrutement spécial de jeunes a été fait pour substituer les douaniers en grève. Mais ces derniers ayant vu le mal venir, ont levé leur motion de grève et ont repris le travail et ces jeunes ont été laissés àeux-mêmes sans la moindre information.

Par ailleurs, il faut reconnaître que cette position du Chef de l’Etat vise àpréserver les troubles sociaux qui pourraient naître dans l’administration publique en général une fois les doléances des enseignants satisfaites. Mais dans ce cas d’espèce, il reste àsavoir le traitement qui sera réservé aux jeunes qui seront recrutés d’ici là.

Hermann ADIMOU

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