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Une relecture peu favorable àla femme

lundi 9 février 2009, par Dignité Féminine

Les femmes béninoises caressent l’espoir de l’avènement d’un Bénin plus solidement enraciné dans un terreau démocratiquement
plus riche et épris d’équité entre genres.

Un tel rêve, on le doit aussi àl’annonce de la volonté du président Boni Yayi de confier àune équipe de cadres béninois émérites dont les compétences, l’expertise et le savoir-faire sont irréprochables la relecture de la constitution : la commission Ahanhanzo-Glèlè.Pendant plusieurs mois, la commission, faut-il le souligner, qui pêche déjàpar sa composition àl’allure phallocratique, accouche des modifications et conclusions auxquelles on peut reprocher bien des choses, même si par ailleurs la commission bénéficie de notre admiration.

L’appréciation du défenseur de la cause des femmes n’est pas exempte de reproches non plus.Ce sur quoi l’on peut trouver àredire est notamment la portion congrue réservée aux femmes dans cette proposition de retouche de la loi fondamentale.Tenez ! A moins que nous soyons subitement dépossédée de notre sens d’analyse, ce dont l’Eternel Tout-Puissant nous a épargnée jusque-là, la modification apportée au traditionnel article 26 paraît insuffisante, anodine et sans implication convaincante.

Alors que l’ancien article 26 stipule que : « L’Etat assure àtous l’égalité devant la loi sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale. L’homme et la femme sont égaux en droit. L’Etat protège la famille et particulièrement la mère et l’enfant. Il veille sur les handicapés et les personnes âgées. », le mérite et l’apport de la commission, c’est de lui avoir ajouté la portion de phrase : « L’Etat, par une politique appropriée, garantit àtoute l’effectivité de cette égalité. » Mais qu’adviendra-t-il si cet Etat qui, depuis toujours, affiche un certain manque d’intérêt, de volonté pour la chose féminine persistait dans son attitude d’indifférence ?
L’expression « approche genre » pourtant connue et mille fois prononcée, imaginons-nous, par les membres de cette commission
serait-elle incompatible avec la nouvelle donne ?
La volonté largement relayée des femmes béninoises d’être plus considérées ne devient-elle que vain mot ? Les sages de la commission qui ne nient certainement pas l’importance du rôle de la femme dans la cité auraient dà» aller plus loin dans leur proposition.
Certes, ce petit membre de phrase qui allonge l’article 26 paraît comme un coup d’oeil àla femme béninoise. Mais elle paraît sans grande force surtout si d’autres articles ne lui viennent pas en renfort pour spécifier de manière plus explicite que l’égalité dont il s’agit est celle qui répartit avec esprit d’équité les postes de responsabilité entre femmes et hommes dans la cité.
Ce faisant, la commission de relecture aurait, en ce qui la concerne, tiré son épingle du jeu. Quitte aux esprits rétrogrades et misogynes, allergiques àl’épanouissement de la femme, de se faire découvrir lors des consultations populaires. Et ceux-là, nous le savons, trouveront sur leurs chemins leurs mères, leurs soeurs, leurs filles, leurs épouses ou concubines àjamais éprises et assoiffées de justice. De toutes façons, ce ne sont que des propositions.

Les ONG et réseaux de femmes et leurs partenaires qui ont financé diverses activités et même des ateliers sur la place de la femme dans la nouvelle constitution ont toujours de la matière. Tôt ou tard, la Constitution, si elle doit être révisée, devra tenir compte de la volonté des femmes traduite dans les résultats des travaux effectués àce sujet.

Honorine HOUNNONKPE ATTIKPA

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