Ambitions affichées par ‘’l’Union fait la Nation’’ : Le peuple craint que tout se limite à2011 (lire les opinions de quelques citoyens)

Et cela passera forcément par la démonstration de force qu’elles auront àfaire en 2011 face aux forces politiques de la mouvance présidentielle réunies autour du président Boni Yayi. Et déjà, ‘’l’Union fait la Nation’’ parle de candidat unique qu’elle peine àrévéler ; les challengers au sein de la coalition étant ce qui manque le moins. Alors, les leaders de ce rassemblement ne seront-ils pas tentés de tailler leurs textes de règlement sur mesure en fonction de 2011 qui ne sera qu’une étape de leur projet ? C’est ce que se demandent les uns et les autres, bien qu’ils trouvent l’initiative louable.

« On va vers une fusion ; pas une fusion immédiate. L’objectif est de faire en sorte qu’un grand parti émerge, regroupant de Cotonou àMalanville des militants convaincus.  » Ainsi s’exprimait l’un des membres de ‘’l’Union fait la Nation’’, Lazare Sèhouéto, lors de la conférence de presse tenue en prélude àl’événement des 30 et 31 janvier 2010. Ce qui sera appuyé par les déclarations de tous les autres leaders de l’Union àleur convention. « Le démon de division qu’on veut nous imposer a trouvé son tombeau.  », clamait fièrement le président Nicéphore Dieudonné Soglo. Et àBruno Amoussou d’exhorter la troupe en ces termes : « Allez annoncer la bonne nouvelle ! »

Dans le même temps, du côté des partis politiques invités àla convention, les discours de soutien fusaient de toute part, montrant que les uns et les autres ont marre de l’émiettement des forces politiques auquel on assiste depuis un certain temps. C’est dire que l’initiative est saluée par tous, car les uns et les autres auraient enfin compris sa pertinence. Ce qui justifierait d’ailleurs le calme qu’on observe du coté de leurs adversaires politiques qui ont habitué l’opinion publique àdes répliques foudroyantes àtoutes les activités précédentes de ‘’l’Union fait la Nation’’. Mieux, ne seraient-ils pas pressés de connaître celui que chargera l’ensemble Prd- Rb- Psd- Madep- Force Clé pour défendre leurs couleurs en 2011 ? C’est du moins ce qu’on est tenté de croire après la sortie médiatique, le 04 février 2010, du ‘’Cadre de concertation de la jeunesse’’ qui se réclame de la mouvance présidentielle et dont les responsables déclaraient que selon eux, le candidat unique naturel de l’UN serait Me Adrien Houngbédji.

Mais le Béninois lambda se retrouve-t-il dans ces tractations qu’on observe de part et d’autre de la classe politique nationale ? Qu’attend le peuple de la coalition de Me Adrien Houngbédji et compagnie ?

Joseph Otègbèyè, transitaire : ‘’La déstabilisation du régime du changement sera-t-elle pour l’UN une fin en soi ?’’

« Il ne s’agit pas de croire ou de ne pas croire en cette coalition ‘’l’Union fait la Nation’’. Le Béninois a compris qu’il faut être méfiant àl’égard de tout ce qui est politique. Ainsi, il vaut mieux s’attendre àtout avec ces leaders de l’opposition. C’est une bonne chose que ces ennemis politiques d’hier se retrouvent dans le but de faire désormais chemin ensemble. Je souhaite que cela ne soit pas une collusion juste contre la personne du Chef de l’Etat, Boni Yayi. Car si c’est le cas, cela voudra dire que dés qu’ils seraient parvenus àdéstabiliser son régime, ils se diraient ‘’ mission accomplie’’ et se disperseraient ànouveau. Ce sera alors retour àla case départ. Et qu’est-ce que le peuple aura gagné alors de leur combat ? Ils n’ont qu’àbien s’organiser pour présenter au peuple un véritable programme de société àlong terme.  »

Salif Mama, commerçant :’’… Pourvu que tout se passe dans la tolérance totale de part et d’autre.’’
Les membres de ‘’l’Union fait la

Nation’’ savent ce qu’ils veulent et se donneront sans doute les moyens nécessaires pour l’obtenir. Tout ce que nous souhaitons est que les échéances de 2011 pour lesquelles tous s’agitent se passent dans un esprit de tolérance totale et de paix, aussi bien du coté de l’opposition que de celui de la mouvance présidentielle. Pour le moment, c’est le Dr Boni Yayi qui est àl’œuvre et nous voyons comment il s’est engagé dans le sens du développement du pays. On voit ses actions dans tous les domaines : éducation, santé, transport, sport, etc. C’est vrai qu’il a tendance, surtout ces derniers temps, àpasser un peu plus de temps sur le terrain politique, mais nous attendons son bilan en fin de mandat pour pouvoir juger. Si l’opposition parvient àlui arracher le pouvoir en 2011, ce n’est pas un problème. Le peuple verra aussi de quoi elle sera capable.  »

Grâce S. Hazoumè, enseignante : ‘’ Une chose est de prendre le pouvoir, une autre est de le gérer…’’

« Nous sommes làet nous observons. Je trouve la réaction de ‘’l’Union fait la Nation’’ légitime car le régime du Changement, malgré tous ses efforts, ne se montre pas àla hauteur de l’espoir que tout le peuple a placé en lui en 2006. Mais cela ne veut pas dire que nous croyons que cette coalition de l’opposition est capable de faire mieux. Ce n’est qu’en les voyant àl’œuvre qu’on pourra apprécier. Et moi, j’ai une crainte concernant l’aboutissement de leur entreprise. A supposer que ces leaders parviennent àprendre le pouvoir en 2011, n’assisterons-nous pas àune gestion sur fond de partage préjudiciable au développement du pays, comme on l’a connu par le passé avec les Apithy, Ahomadégbé et Maga ? C’est làtoute mon inquiétude. Une chose est de prendre le pouvoir, une autre est de pouvoir le gérer.  »

Rock Assan, étudiant àl’UAC : ‘’ Les auteurs de l’Un doivent viser au-delàde 2011.

« On ne saurait rester indifférent àl’union sacrée qui se fait aujourd’hui au sein de l’opposition. Si les forces politiques de l’opposition ont compris la nécessité de réorganiser la situation politique nationale, tant mieux. Sinon, notre démocratie risque de tomber dans l’anarchie avec la pléthore de partis et en mouvements politiques (plus d’une centaine) àlaquelle on assiste. Au vu de cela, l’initiative de l’Union fait la Nation est louable. Mais il faut que ses acteurs visent loin, c’est-à-dire au-delàdes échéances électorales de 2011. Certes, ce sont les actes peu orthodoxes du régime actuel qui ont motivé leurs retrouvailles, mais ils doivent prendre le temps nécessaire pour construire quelque chose de solide qui puisse résister même après l’éventuelle mort du régime du Changement.

C’est donc l’occasion pour le maire Nicéphore Soglo, Me Adrien Houngbédji et tous les autres de montrer au peuple qu’il peut compter sur leur expérience politique. On attend quand même de voir de quoi cela aura l’air. Tout le monde sait qu’en politique, il ne faut jamais jurer de rien.

"Le long et périlleux chemin qui attend ‘’l’Union fait la Nation’’

D’après les avis des uns et des autres, l’Union fait la Nation doit avoir une idée du défi qui l’attend. C’est vrai que Lazare Sèhouéto affirme que ses alliés et lui sont obligés de faire les choses avec tact et sagesse pour éviter de mettre la charrue avant les bœufs. C’est vrai aussi que Me Adrien Houngbédji se plait àdire que ceux qui attendent la mort de l’Union attendront longtemps. Et effectivement, on se surprend àconstater que cahin-caha leur regroupement est pour le moment loin d’être un amour sans lendemain. Car, bientôt deux ans que leur roseau se tord sans tomber. Mais ils feraient tôt de crier victoire.

Voilàla question de la désignation de leur candidat unique qui continue d’être pour le moment la quadrature du cercle. Certes, leur expérience politique ne manquera peut-être pas de leur indiquer le chemin de la sagesse dans toutes les décisions àprendre. Seulement, au cas où ils perdraient de vue l’objectif principal au détriment de ce détail, ils n’érigeront qu’un château de paille. Et là, ils n’auront qu’às’en prendre àeux-mêmes quand les uns et les autres riront àgrand éclat pour saluer l’éléphant annoncé qui viendrait avec un pied cassé.

Si le président Nicéphore Soglo dit vouloir s’inspirer du model des grandes nations de démocratie telles que l’Afrique du Sud, il n’ignore sans doute pas que l’ANC a passé des dizaines d’années àpréparer la grande révolution qui l’a porté au pouvoir depuis 1990. De nombreuses générations de Sud-Africains ont laissé leur vie dans la lutte anti-apartheid pour qu’un héros en soit sorti, en la personne de Nelson Mandela. Et depuis, l’ANC s’est maintenu au sommet pour y être parvenu patiemment et sà»rement.

Ainsi, un projet comme celui dont rêvent les membres de ‘’l’Union fait la Nation’’ devra éviter toute précipitation pour se réaliser. Par conséquent, si Me Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Séfou Fagbohoun, Lazare Sèhouéto et les Soglo veulent jouir dans l’immédiat des fruits de leur initiative sans penser àla postérité, ils ne planteront l’arbre que pour l’empêcher de produire par leur excès d’arrosage. Néanmoins, il ne serait pas exclu de compter avec 2011 mais miser là-dessus serait suicidaire, comme l’ont dit certains.

Colbert DOSSA