Dessin sur la peau : Le tatouage, l’autre forme de séduction

Depuis plusieurs années, le tatouage est revenu en vogue dans les sociétés, notamment au Bénin. De l’avis de fans de cette pratique,
cette forme d’ornement d’une partie du corps leur confère une identité. Pour d’autres, c’est une autre manière de séduction.

Etymologiquement, le mot tatouage vient du tahitien tatau, qui signifie marquer ou dessiner. La racine du mot renvoie aux verbes frapper, inciser. Le mot fut officiellement francisé en tatouage en 1958. D’après certains spécialistes, le tatouage fut pratiqué par les Egyptiens dès les années 2000 avant JC.

Les tatouages en couleurs se développèrent fortement chez les maories de la Nouvelle Zélande et furent pendant un temps une forme d’ornement en Chine, en Inde, et au Japon. Les techniques n’ont guère évolué au cours des siècles. Cette méthode de décoration de la peau, selon les mêmes sources, est une insertion de substance colorée sur la surface. La peau est perforée avec un instrument pointu, aiguilles, matériaux divers (os, ivoire, dents, aciers, métaux) qui entraînent des problèmes sous l’épiderme.

Tout le problème était de ne pas dépasser l’épiderme pour ne pas perforer le derme. En effet ces derniers passent sous la peau, une aiguille suivie d’un fil enduit de noir de fumée, brodant ainsi le motif désiré. Ces sources indiquent que les Japonais , quant àeux , utilisent des séries de baguettes dont le bout est doté de faisceaux d’aiguilles pour exceller dans leur spécialité du « Bokashi  » àsavoir les plus beaux dégradés du monde allant du noir profond au gris le plus clair.

Les pigments utilisés entre temps proviennent du noir de fumée, de coque, de noix brà»lées, des résines ou des substances organiques, animales ou végétales mélangées àl’alcool, àl’eau, au sperme, au sang ou aux sucs végétaux.

Les raisons qui amènent au tatouage

Les motifs pour lesquels certains choisissent être tatoués sont diverses : Identification àun groupe cosmétique, rituel religieux et utilisation magique so. , A l’origine, ces marques sur la peau étaient des signes d’appartenance àun groupe religieux chez les maoris de pirates, d’anciens prisonniers ou de légionnaires.

Selon certaines sources, dans les années 1970, un véritable engouement pour le tatouage est né et a connu une forte amplification vingt ans plus tard tout en envahissant beaucoup d’autres pays, dont le Bénin. Le lieu de l’inscription, creux des reins, dos poitrines, chevilles, épaules , voire mains ou visages ont également une importante signification. Bernice H, est élève en seconde D dans un collège de la place.

Elle explique ici les raisons qui l’ont amenée àse tatouer. « J’avais une amie qui avait un tatouage au creux des reins. Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle l’a fait, elle m’a expliqué que ça excite son copain. Moi aussi je l’ai fait et ça a beaucoup plu àmon mec  ». Augustin G est maître d’un atelier de coiffure de la place, et passionné du tatouage. Parmi les différentes formes de tatouage, il a opté pour le tatouage qu’il appelle « identitaire  »Car sur son bras gauche, on peut lire son nom, son prénom et son lieu de résidence, et sur son bras droit s’affiche un tatouage en forme de scorpion.

Selon Augustin, ces différents dessins datent déjàde dix ans. A en croire le tatoué, c’était pour montrer son identité complète , àdéfaut de la carte d’identité qu’il n’avait pas en ce moment, et que ces écrits aident souvent en cas d’accidents, où les gens veulent plus de renseignements sur vous. Pour lui, le second dessin qui symbolise le scorpion montre directement son signe astrologique
Ruffin, chauffeur de formation, se dit fan du tatouage àcause de son aspect influent. Pour lui, lorsque vous avez une grande gabarie, avec le tatouage au bras, cela vous fait respecter.

Et c’est d’ailleurs la raison qui l’amène àavoir au bras un dessin qui symbolise le dragon, juste pour signifier qu’il est dangereux. Céline G est maquilleuse ambulante, et porte contre son gré au bras un tatouage, symbole d’un serpent àbouche ouvert. Selon la jeune femme, c’est une tradition qui consiste àfaire ce dessin au bras de tous les membres de sa famille .Elle ignore donc l’utilité du tatouage. Mais comment procède –t- on àcette décoration du corps au Bénin ?

Selon certains tatoués, en lieu et place des tatoueurs, il existe au Bénin des centres spécialisés, avec des outils, mais par faute de moyens financiers , les candidats au tatouage préfèrent s’en remettre aux ghanéens qui exercent dans le domaine. Contrairement aux spécialistes, ces derniers optent pour les tatouages permanents qui se réduisent àde simples points appliqués àl’aide d’encre de Chine

Danger

Selon les professionnels de santé ,certains groupes de personnes doivent éviter de se tatouer. Notamment ,les personnes sous traitement médical, alcooliques, toxicomanes, femmes enceintes, personnes atteintes d’hémophilie, du sida, d’hépatite B et C, de maladies cardiovasculaires, les personnes avec un stimulateur cardiaque.

Quant au tatouage consistant àperforer la peau pour y introduire des agents colorants, chaque petite perforation crée une plaie susceptible de s’infecter et de transmettre une maladie via des bactéries ou des virus. C’est la raison pour laquelle certaines règles essentielles d’hygiène sont nécessaires avant, pendant et après cette opération, indiquent les mêmes sources médicales

Outre les indispensables lavages et désinfections des mains, le tatoueur doit stériliser consciencieusement le matériel àchaque utilisation, nettoyer et désinfecter les outils non stérilisés, conseillent les médecins. Le tatoueur doit également analyser la texture de l’épiderme du futur tatoué et la désinfecter minutieusement avant son acte.

Une fois l’intervention terminée, le tatoueur désinfecte la zone concernée àl’aide d’une solution antiseptique, en appliquant de la pommade et un pansement pour protéger l’épiderme et favoriser la cicatrisation. Il doit ensuite expliquer clairement, au tatoué comment il doit continuer ànettoyer sa peau et faciliter la cicatrisation, notamment àl’aide dune pommade cicatrisante, recommandent les professionnels de santé A noter que cette dernière partie est sous la responsabilité du tatoué.

La peau doit rester propre en permanence, elle doit rester grasse pendant la phase de cicatrisation qui dure environ dix jours et grâce àl’application C’est dire que les candidats au tatouage doivent mesurer les accidents éventuels qui pourraient survenir au cours de l’opération. Avis donc .

Hermann HOUMMASSE