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Trop de rigueur des parents dans l’éducation des filles que celle des garçons : Des jeunes filles s’en indignent et en appellent àplus de modération (Lire leurs troublants déballages)

lundi 7 décembre 2009, par Dignité Féminine

Les parents les veulent vertueuses, ils craignent une vie sexuelle de débauche, redoutent pour leur santé et sécurité, et donc éduquent des fois avec plus de rigueur leurs filles. Cette trop grande attention àleur égard, les filles n’en veulent pas.

Elles s’en indignent et ne manquent d’ailleurs pas d’astuces pour contourner la contraignante autorité parentale. Appréciant diversement leur père et mère, les jeunes filles interviewées par votre canard invitent les parents àplus de dialogue et de compréhension de leurs enfants.

- Moulikath Amoussou, élève

‘’La rigueur de mes parents m’a fait commettre assez d’erreurs dans ma vie’’

« Je n’ai pas vécu avec ma mère. Ce n’est qu’à14 ans que je l’ai connue. Car, mon père et elle se sont séparés. Donc, tout ce que j’ai reçu et que je reçois encore comme éducation me vient de mon père et de son épouse, ma marâtre. Et je crois que sans le vouloir, ils m’ont fait plus de mal que de bien. Ils ont voulu faire de moi une fille vertueuse : je dois garder ma virginité jusqu’au mariage, je ne dois pas sortir n’importe comment … Or, avec ma nature rebelle, j’ai du mal àme conformer àtous les interdits qu’on m’imposait. J’étais obligée de mentir pour sortir parce qu’on ne peut pas me permettre d’aller faire une promenade ou suivre un concert par exemple.

Il aurait suffi qu’on me laisse un peu de liberté et qu’on m’accompagne par quelques conseils pour que je ne déraille pas. Quand je fais une petite introspection sur ma vie, je vois qu’il y a des faux pas que j’aurais pu éviter si mes parents avaient été compréhensifs avec moi.

Maintenant, je crois que mon père est en train de comprendre la situation. Car, il n’y a plus de barrière entre nous. Nous discutons actuellement de tous les sujets. Seulement cette harmonie dans nos relations ne manque pas de rencontrer la résistance de ma marâtre.
La situation n’est guère reluisante avec ma mère. Je m’en suis rendue compte àpartir des courts moments que j’ai passés avec elle. Donc, je m’entends beaucoup plus avec mon père que mes ‘’deux mamans’’.

Je ne voudrais pas que les autres filles tombent dans les mêmes erreurs que moi. Pour cela, j’exhorte les parents àsavoir modérer leur rigueur. Aux filles, je demande aussi de savoir raison garder. Car, trop de liberté conduit sans nul doute au libertinage. Et cela finit toujours par des regrets.  »

- Zouinath Lalèyè, élève

‘’Je n’ai pas d’estime pour mon père àcause de sa rigueur’’

« Mes parents ne sont pas trop sévères envers moi. Seulement, je trouve que mon père exagère parfois dans sa rigueur. C’est d’ailleurs son habitude. Ce qui a fait que je l’ai quelque peu détesté depuis mon bas âge parce que j’essuyais constamment ses réprimandes assorties de bastonnades. Par contre, avec ma mère, les relations sont au beau fixe. Je souhaite que les parents soient beaucoup plus ouverts et compréhensifs avec leurs enfants.  »

- Régina Agonma, élève

‘’Même de l’étranger, papa contrôle tous mes mouvements’’

« Cela fait huit ans que mon père vit àl’étranger. Toute notre éducation repose donc sur maman. Je suis sa seule fille et elle est beaucoup plus regardante sur mon éducation que sur celle de mes frères. Chacune de mes permissions de sortie, pour un motif quoique valable, est ponctuée des injonctions telles que ‘’ne tarde pas’’ ou ‘’reviens vite’’. Et quand je tarde un peu àrentrer, ce sont des coups de fil àn’en point finir. Un seul manquement aux recommandations peut me valoir plusieurs refus d’autorisation de sortie par la suite.

Mais il faut reconnaître que ma mère aussi se trouve sous une certaine pression extérieure de mon père malgré son absence du foyer. Quand il appelle et que je ne suis pas àla maison, c’est àma mère qu’il s’en prend. Ainsi, bien qu’il soit loin de nous, il a un œil sur nous et contrôle tous nos mouvements.

Cette rigueur visant ànous canaliser pour éviter des dérapages de notre part n’est pas sans conséquence. Cela ne nous permet pas vraiment de nous épanouir comme nous le souhaitons. Nous avons donc besoin d’un peu de liberté dans notre éducation.  »

- Rébecca Akovobaou, élève

‘’Les filles ne sortent sous aucun prétexte quand papa est àla maison’’

« Papa ne laisse les filles sortir sous aucun prétexte. Il craint surtout que nous gérions mal notre sexualité. Les garçons ont un peu plus de liberté contrairement ànous les filles. Seule maman essaie de nous comprendre. Mais, elle ne peut pas passer outre la parole de papa.
L’autorité de celui-ci nous étouffe parfois. Et dans ces conditions, moi je suis obligée de mentir de temps en temps pour obtenir la permission de sortie.

L’autorité de celui-ci nous étouffe parfois. Et dans ces conditions, moi je suis obligée de mentir de temps en temps pour obtenir la permission de sortie. Une permission qu’il me serait difficile, voire impossible d’obtenir si je donnais par exemple un motif-le vrai- comme pour mon plaisir. C’est pour dire que quand les parents exagèrent, on trouve toujours le moyen de contourner leur rigueur. Or, on pourrait s’y prendre autrement pour éviter le mensonge en instaurant un climat de dialogue avec un esprit de compréhension et de concession. Ainsi, il n’y aurait pas de frustrations d’un côté comme de l’autre.  »

- Diane Okala, élève

‘’Le soutien de maman nous met souvent àl’abri des crises de colère de papa’’

« Je ne sais pas pourquoi mes parents laissent un peu plus de liberté aux garçons qu’ànous les filles. Et cela se remarque surtout dans l’attitude de mon père. Il ne fait que crier sur nous àmoindre gaffe. Quand il est àla maison, on vit en vase clos. C’est presque un cauchemar.

Heureusement que maman ne nous marchande pas son soutien pour nous mettre àl’abri de ses crises de colère. Certes, il assume bien sa responsabilité de père sur le plan matériel, mais le dialogue est presque impossible avec lui.

Je souhaite que les parents traitent les filles un peu comme les garçons en matière de liberté. Car nous éprouvons les mêmes besoins qu’eux. »

- Arnette Babatola, élève

‘’Maman est beaucoup trop agressive dans ses propos que Papa’’
« C’est maman notre ‘’bourreau’’ àla maison ; ses réprimandes sont toujours faites d’injures insupportables. De là, l’atmosphère délétère qui en découle ne fait que nous indisposer. J’essaye d’attirer son attention sur le fait, mais elle n’est pas prête àcomprendre.

Cela agit psychologiquement sur nous tous au point où mes frères en viennent àdécider de fuir de la maison pour abandonner l’école. Et en tant que sÅ“ur aînée de la famille, j’essaye de les ramener àla raison. Je trouve que maman en fait de trop dans sa rigueur. Les parents doivent comprendre que le dialogue est au-dessus de tout. Sinon, bonjour les dégâts dont on accuse àtort les enfants.  »

- Bernice Houssou, agent hôtelière

‘‘Mes parents ne me voient pas grandir, pour eux, je suis toujours un enfant’’

« Jusqu’àun passé récent, j’ai toujours de distance vis-à-vis de mes parents, principalement àl’égard de mon père, sans trop prendre en compte ce qu’il me disait : ’’Tu verras, quand tu auras des enfants’’….Pourquoi me dit-il cela ? Chez moi, c’est papa qui haussait le ton le premier àla moindre faute.

Ma mère, que j’adore, sans trop chercher àen connaître les raisons, le soutenait par moment ; et moi, je craquais. Parfois elle ramasse les pots cassés en restant en complicité avec moi. Quelques fois, elle me soutenait et j’appréciais cet appui. Jaime ma mère, mon père aussi, mais ils ne me voient pas grandir. Pour eux, je suis toujours un enfant. Ce qui me choque est que mon père déverse son mécontentement sur ma mère àcause de moi.

Les pères sont plus sévères que les mères. Ce n’est pas bon, car cela joue sur les relations pères et enfants. Quand je me suis orientée vers ce que je prends pour mon salut, il s’y est opposé contre vents et marrées ; je me suis entêtée. Aujourd’hui, je ne regrette pas. Au contraire, je suis plus heureuse. Il faut dire aux parents de labourer avec leurs enfants un champ de compréhension et de complémentarité pour l’harmonie de la famille.  »

- Paulette Bokokpè, élève

‘’C’est ma mère qui hausse le ton....’’

« Je ressens la surveillance de mes parents comme une barrière àma liberté, parce que par moment, ils m’interdisent de sortir ou de recevoir des visites. A 21ans, ma mère me considère encore comme un enfant, et c’est inacceptable. Je vois des filles se défouler, pourquoi me l’interdire sous prétexte que je suis la seule fille de ma famille ? C’est maman qui hausse le ton quand bien même papa ne dit rien…

Quand je porte une mini jupe par exemple, elle entre dans tous ses états. Que veut-t-elle ? Va-t-elle me choisir un homme et ne pas me laisser faire mon choix ? Je pense qu’elle me prend encore pour un bébé. Quand je pense àtoutes ses scènes àla maison, je n’arrive plus àbien suivre les cours. Les autres àl’école parlent en bien de leurs mères.

- Déo-Gracias Adjin, élève couturière

‘‘Les parents sont sacrés’’

« Les parents, quoi qu’on dise, doivent éduquer leurs progénitures. Mais l’encadrement et les moyens employés diffèrent d’une famille àune l’autre. Nous, jeunes filles, nourrissons l’envie d’être comme nos amies, nos collègues et voisines, même si notre vraie préoccupation, n’est pas là. Je ne demande pas aux parents de me laisser la porte grandement ouverte, mais que nous respections chacun la liberté de l’autre.

En vouloir àses parents est une preuve d’irrespect et d’ingratitude, compte tenu de tout ce qu’ils font pour nous. Si je peux faire face àmes dépenses et que je ne peux plus supporter la rigueur des parents, il ne me reste qu’àles quitter. Mais il ne faut pas partir pour le plaisir de les quitter, ou rompre définitivement, comme le font certaines filles qui, en cas de difficultés, retournent chez leurs parents…Une fille doit quitter ses parents la tête haute. Ainsi, ils sauront qu’elle ne va pas àla débauche ou àla délinquance  ».

- Chantal Diogo, coiffeuse en fin de formation

‘’Les mères en sont responsables’’

« Les pères sont trop sévères ! Pour moi cette idée est fausse. Les mères sont en fait responsables du traitement que fait subir le père àson enfant. Imaginez une mère qui rapporte au père qu’en son absence, sa fille a fait ceci, cela. Alors, le père se jette sur l’enfant pour le bastonner…Je suis coiffeuse, et à23ans, on m’interdit de recevoir de la visite, sous prétexte que le sida sévit dans le monde.

Je ne peux pas digérer ce traitement. Qu’on me laisse vivre. Je souhaite que mon père comprenne qu’il y a des limites àrespecter, et qu’il n’a pas àcrier chaque fois qu’on lui rapporte quelque chose…Seul le dialogue peut triompher, surtout quand le ménage est polygame’ ».

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