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Tévoèdjrè et autres, pourtant le Bénin piétine
lundi 18 mai 2009, par
La cérémonie de lancement du Grand Prix international Cardinal Bernardin Gantin était une occasion pour le parterre de personnalités présentes de vivre l’éloquence de M. Albert Tévoédjrè lisant son très captivant discours. L’actuel médiateur de la République, rapporteur émérite et polyglotte de l’historique conférence nationale de 1990, a rarement manqué de retenir l’attention de son auditoire.
Le 13 mai dernier, au palais du peuple de la présidence de la République, le Pèlerin de Djrègbé s’est encore illustré et cela, de la manière la plus naturelle, car il a été ainsi créé. Un discours qui a tenu toute l’assistance en haleine. Même le président Boni YAYI se laissait envahir et transporter par le style et les mots soigneusement choisis de son médiateur quand il se rappela soudain qu’il devrait s’occuper aussi de son voisin de gauche. Oui, Nicéphore SOGLO était là , assis à sa gauche et aucun soin ni aucune attention ne devrait manquer à cet homme dont l’alliance vaut mieux que tout l’or du monde pour 2011. Une si précieuse réconciliation enclenchée, depuis seulement quelques jours, a besoin de soin. Pendant ce temps, les autres participants à la cérémonie n’avaient pas à s’ennuyer du discours de Tévoédjrè qu’il vaut mieux écouter soi-même que de se l’entendre rapporter. «  C’est un Larousse  », s’est exclamé, très admiratif, un autre cadre béninois. «  Albert est très dense  », a renchéri son voisin de droite. Une certaine fierté de partager la nationalité béninoise avec lui se lisait visiblement dans la salle.
Et des hommes et femmes d’une densité admirable, le Bénin en regorge. Inutile de nous hasarder à avancer des noms, cela se révélerait un exercice fastidieux. D’autres pays les connaissent et savent même mieux tirer meilleur parti d’eux.
Eloquence, expertise, ingéniosité, créativité, c’est ce qui manque le moins aux Béninois. Et pourtant, le Bénin n’avance pas. Il se laisse devancer par des pays qui envient la grandeur et la qualité de ses filles et fils. Paradoxal, incroyable mais pourtant vrai. Des têtes bien faites, pensantes, le Bénin en fabrique. Mais l’atmosphère souillée de haine, de jalousie, d’intolérance, de refus d’acceptation de l’autre dans sa différence arrière le Bénin. L’homme ou la femme, intelligent(e), intègre et à personnalité forte n’a d’autre mérite au Bénin que d’être consumé. Délation, coups bas et intrigues de tout genre sont de mise pour l’anéantir. L’histoire du Dahomey d’après l’indépendance n’enseigne non plus le contraire. Les nombreuses turbulences politiques n’ont rien à voir avec la moralité, au contraire, le pays a été étiqueté de l’enfant malade de l’Afrique.
Mais devons-nous persister dans la situation du pays qui réfléchit et qui fait bénéficier les autres de ses inventions au détriment de son peuple ? A quand le changement de mentalité ? Quels psaumes et sourates réciter pour que renaisse le Bénin ? Méditons.
Honorine HOUNNONKPE ATTIKPA