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education : Les filles face aux obligations académiques et domestiques

lundi 25 mai 2009, par Dignité Féminine

Il n’est un secret pour personne que dans un foyer, les jeunes filles sont les plus soumises aux contraintes des travaux domestiques. Elles reçoivent de leur mère une éducation qui les habitue àaccomplir toutes sortes de tâches relatives aux travaux domestiques. Cela n’empêche en rien leur scolarisation. Mais on remarque que la fille brave, bien que félicitée pour son dévouement aux travaux domestiques, est taxée de fainéante quand elle n’excelle pas au plan académique. Face àces deux obligations, les attitudes sont diverses.

Une bonne éducation, c’est la meilleure chose qu’une femme, particulièrement une jeune fille puisse avoir. Les lois qui régissent nos sociétés accordent une place primordiale àtout ce qui a trait àla jeune fille, àla femme en général. L’éducation, du moins la bonne éducation d’une fille pour qu’elle soit complète, ne se limite pas strictement àla formation académique mais concerne aussi et surtout la vie domestique. Ainsi, vivant avec ses parents ou auprès d’un tuteur, la fille depuis le bas âge est habituée àassister sa mère ou sa tutrice dans l’accomplissement des tâches domestiques. Au fur et àmesure qu’elle grandit, les tâches sont plus lourdes et exigent plus de temps et d’efforts. Cette fille une fois scolarisée se voit alors partagée entre deux obligations. Elle est tiraillée entre les travaux domestique et académique. Les deux nécessitent beaucoup d’efforts et de temps. La plus grande difficulté chez la plupart, c’est qu’elles n’ont pas la liberté de manquer àces tâches sauf peut-être en cas d’indisposition. Pour celles qui sont libres de choisir, le problème ne se pose pas, car elles n’accomplissent ces tâches que dans la mesure du possible. Mais pour le reste, ces travaux se présentent comme une contrainte.

Face aux contraintes
Sidonie, étudiante en Sciences juridiques 4 pense que les tâches domestiques sont une contrainte. « Â Moi, je déteste acheter àmanger. Je prépare mes repas toute seule, je fais la vaisselle, la lessive et je mets de l’ordre dans mes affaires. Ce n’est pas du tout facile mais je suis obligée de le faire surtout que je n’ai aucun parent àcôté pour m’aider dans ces tâches. » Pour Blandine, étudiante en LM4 et vivant avec ses parents, il n’y a aucune possibilité d’échapper àces devoirs. « Chez moi, je suis contrainte d’effectuer mes travaux domestiques, car présentement je suis la seule fille parmi mes frères qui ne s’intéressent àrien. Toutes les charges me reviennent pratiquement  ». Sous la contrainte, les filles n’ont que deux possibilités : faire ces devoirs et être en règle vis-à-vis des parents ou ne pas faire et être privées de certains droits. Cela ne veut nullement dire qu’elles sont maltraitées mais ce sont simplement des règles àrespecter dans ces familles. Nadège, jeune collégienne explique : « Â Dans ma maison c’est connu de tous les enfants que sans accomplir les tâches de maison les après-midi, il n’y a pas de goà»ter. Même les matins papa menace de garder nos petits déjeuners mais ne le fait jamais. Les filles surtout sont impardonnables. »

Scolarité baclée
Ces filles, par moments, suite àl’accomplissement de leurs devoirs domestiques, sentent toutes leurs forces les lâcher. Dans l’incapacité d’étudier dans cet état, elles se laissent aller au repos ou bâclent leur devoir académique. Blandine nous informe de son expérience. « Â C’est pas facile de concilier les travaux domestiques et les études parce que souvent après avoir fini de faire la cuisine et d’arranger la maison, je me sens très fatiguée et si je ne fais pas pression sur moi-même, je ne peux plus toucher aux cahiers. Parfois, je n’arrive pas àétudier avant de m’endormir, car la fatigue est déjààson paroxysme  ». Du même avis que Blandine, une jeune élève en 1er G1 au collège Bon chemin d’Ekpè affirme : « Â Les travaux domestiques font perdre un temps considérable. Ça fatigue beaucoup plus que les études ». Cela peut porter un coup aux résultats escomptés àla fin de l’année. Et les filles se dégagent de toutes responsabilités. « Â Si les parents ne comprennent pas que je n’ai pas beaucoup de temps àpasser àla cuisine, ils ne pourront me condamner quand les résultats seront négatifs àla fin de l’année. En tout cas, je ne les vois pas en train de me faire des reproches si tant est qu’ils m’obligeaient àêtre tout le temps àla cuisine  », martèle une étudiante de l’ENAM qui a requis l’anonymat.

Toutefois, la majorité des filles pense que les travaux domestiques ne peuvent pas être àla base de quelque échec que ce soit. Pour réussir sur le plan académique malgré les nombreuses tâches de la maison, elles préconisent un moyen. Mauricette, élève au CEG Djègan Pkèvi de Porto-Novo pense qu’il faut un peu de rigueur envers soi-même. « Â Quand on est élève, il faut savoir s’organiser. Dans le cas contraire, les filles trouveront toujours que les travaux domestiques prennent plus de temps que les études qui sont plus importantes. Moi, je me lève toujours tôt et je ne traîne pas sur ce que j’ai àfaire.  » Le fait que les travaux domestiques ne soient pas un obstacle pour les filles sur le plan académique ne les empêchent pas d’envisager une condition meilleure. Blandine étudiante en LM4 souhaite une répartition des tâches entre tous les enfants sans distinction de sexe. « Â Que les hommes aussi nous aident àmettre de l’ordre dans la maison et àfaire la cuisine. Cela peut nous alléger considérablement la tâche.  » La jeune étudiante de l’ENAM va dans le même sens. « Â Ce ne sont pas seulement les filles qui sont habilitées àfaire ces travaux, ça doit se faire àtour de rôle. Certes, on ne doit pas laisser les filles paresser en période scolaire, mais ensemble avec les parents, il faut établir un emploi du temps rigoureux qui doit être respecté.

Les parents de leur côté contestent catégoriquement l’opinion selon laquelle les travaux domestiques sont une contrainte et peuvent empêcher la fille d’évoluer normalement ou de maintenir le même rythme que ses frères. « Â Les travaux domestiques doivent être perçus par les enfants non comme une contrainte sociale mais comme des activités inhérentes àleur vie, et c’est aux parents de leur expliquer que ces tâches font partie des normes sociales auxquelles on ne peut se dérober. C’est quand les enfants refusent de voir les choses dans ce sens que ça pose problème. Mais le problème fondamental, c’est que les enfants n’arrivent pas àcerner la notion du temps. Il leur faut s’organiser  » , soutient Edouard Tchédji, professeur et père de famille.

Les mères reconnaissent au moins les peines des filles et les exhortent àprendre conscience que ces deux activités font partie intégrante de leur éducation et vont contribuer plus tard àleur bonheur. Pour Yvette Kinsou, ménagère, « Â les travaux domestiques sont exigeants et fatiguent. Rien que pour cela, certaines mères refusent de laisser leurs filles fréquenter. Nous savons donc que nos filles font un grand effort pour s’en sortir. Nous les encourageons àcontinuer, car leur avenir en dépend. Néanmoins, chez moi, pour alléger la tâche àmes filles, je répartis les travaux aux garçons également, car après tout, il leur faut àeux aussi une bonne éducation  ».

Onésime AVO CEGAMOU
(Stagiaire)

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