TRACTATIONS POLITIQUES POUR 2011 : Pourquoi ce mutisme des femmes ?

Les couleurs sont annoncées pour 2011et aucune femme n’est peinte. Heureusement, il ne devrait s’agir que d’un mutisme et non d’un muselage des femmes. Libres d’aller, de venir et d’agir, elles se taisent jusqu’ici pour s’afficher plus tard, peut-être, appauvrissant ainsi le débat.

Une simple analyse ou observation de l’actualité politique nationale fait remarquer que tous les acteurs politiques de ce pays, toutes tendances confondues, n’ont que les échéances de 2011 en tête. Le peuple béninois, lui aussi, n’échappe pas àce conformisme, tant les hommes politiques l’y contraignent.

Les rivalités entre le pouvoir en place et le ‘’camp d’en face’’ ont tout dépeint de la vie sociale, culturelle et politique du pays. Les calculs politiques en cours d’opération ne mettent en selle aucune femme. A part Rosine Soglo, présidente de la Renaissance du Bénin, exclue de la course pour raison d’âge, aucune autre femme ne s’affiche encore pour les élections présidentielles de 2011. Pourtant, il y a des valeurs en leur sein, des valeurs qui ont fait leurs preuves par le passé. Leur silence ou leur absence dans l’arène politique nationale peut être analysé sur un certain nombre de paramètres.

Elles n’ont pas, c’est connu de tous, de gros moyens financiers pour tenir la route trop longtemps avant la course. Ainsi, elles seraient alors en train de préférer faire des réserves pour le moment opportun. Ce qui est réfléchi car il faut faire la politique de ses moyens. Mais il faut savoir se réserver afin de ne pas laisser les autres adversaires gagner des points et avancer en terrain conquis. Cette réserve peut aussi être lié àun calcul politique. Boni Yayi a mis en place le micro crédit aux plus pauvres et en a tout récemment renforcé l’enveloppe en faveur des femmes, tout le monde a compris qu’il a fait forte impression sur la sensibilité des femmes. Ainsi, les femmes se retrouvent au cœur des préoccupations du chef de l’état.

Cet état de choses a considérablement renforcé la quotte de popularité du chef de l’Etat qui est adulé, déifié par les femmes. Cette forte estime fragilise la capacité de séduction des autres femmes pouvant briguer la magistrature suprême car en tant que femme candidate, il faudra avoir des arguments pour séduire les autres femmes qui font plus de 52% de la population béninoise. Malheureusement ou heureusement, de par ses actions, Boni Yayi fait des femmes sa chasse gardée.

Donc il n’y a que très peu sinon pas du tout d’arguments pour favoriser, àl’heure actuelle, l’émergence d’une candidature féminine en 2011, faute d’arguments et au risque d’être impopulaire en voulant tenir, aux femmes, un autre langage que celui du changement. Enfin, il vaut mieux ne pas aller contre le pouvoir en place, pour ne pas s’éloigner des avantages. C’est le dernier angle de la trilogie qui justifierait le mutisme des femmes.

Boni Yayi n’a pas fini de sur prendre les femmes. Il n’a pas fini de faire d’elles des ministres et pour le temps qui lui reste pour son mandat, d’autres femmes peuvent avoir leur chance de se faire une place au soleil. Autant donc attendre et attendre encore avant de se positionner et rivaliser avec Boni Yayi àdéfaut de le soutenir en 2011.

Voilàla trilogie qui fonderait l’absence ou le mutisme des femmes susceptibles d’être candidates en 2011. En tout état de cause, il est heureux de reconnaître que ce mutisme n’a rien d’un muselage et que les femmes béninoises sont braves et ne négocient jamais leur combativité. Il est alors àespérer, àjuste titre, qu’elles donneront de la voie très bientôt pour se mettre en selle pour 2011qui, politiquement n’est plus loin.

Samuel AHOUANDJINOU