Lancement du livre ‘’Mon combat pour la parole’’ de Réckya Madougou : Témoignages d’une lutte citoyenne

Tous les intervenants ont eu àsouligner le mérite de l’ouvrage. Pour le politologue Mathias HOUNKPE, le travail de Réckya Madougou àtravers son livre est une œuvre utile, car elle se bat pour que les générations actuelles et futures comprennent les combats menés pour l’enracinement de la démocratie dans notre pays. Il a exhorté les ministres et chefs d’Etat àsuivre cet exemple afin que le peuple sache ce qu’ils vivent en tant que membres de l’exécutif. Un plaidoyer que va relayer Maître Marie-Elise Gbèdo en déplorant le manque qu’il n’y ait pas eu de témoignages authentiques écrits des acteurs de la conférence nationale de février 1990.

L’auteur s’est ensuite prêté aux questions du professeur Mahougnon Kakpo et de l’écrivain Florent Couao-Zotti. Un jeu pendant lequel Réckya Madougou, tout àson aise, n’a pas tari d’arguments et d’éloquence pour soutenir son livre. Cette cérémonie qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale a été suivie de la vente aux enchères pour subventionner le prix de vente de l’ouvrage aux étudiants. Une occasion où chacun a mis la main àla poche pour soutenir l’action.

Ataou Soufiano, Président de CCIB et M. Satchivi, PDG de CDPA avec l’ambassade des Pays-Bas ont été les plus gros donateurs.
Mais, M. Satchivi aura été le plus généreux avec plus de 5 millions àlui tout seul. Près de 20 millions auront ainsi été récoltés pour rendre le prix de vente du livre plus abordable aux étudiants. La cérémonie a pris fin par la séance de dédicace.

Il faut remarquer l’absence de Rama Yade, secrétaire d’Etat français aux Affaires Etrangères et aux Droits de l’Homme et de Christiane Taubira, députée de Guyane et auteur de la préface du livre. Leur arrivée au Bénin est annoncée pour hier dimanche.

Réckya Madougou, une brave femme d’une dignité légendaire

Quel est son jour de naissance, et de quel père est-elle née pour être si digne, si courageuse ! Douée d’une détermination farouche, sans peur et sans reproche quand elle veut atteindre son but ! Voici la femme qu’il nous a été donné de découvrir dans toutes ses dimensions physique, morale, spirituelle, intellectuelle et sociale.

Assise tranquillement dans un coin dans la salle de conférence du Bénin Marina Hôtel, ce vendredi 13 février 2009, devant les milliers distingués et augustes participants àla cérémonie de lancement de son livre : « Â Mon combat pour la parole  », elle écoutait, émue, ayant parfois la chair de poule, les paroles de ceux qui combattaient pour parler éloquemment de son « Â combat pour la parole  », qui a véritablement porté la promesse des fruits.

N’eà»t été cette parole qui avait retenti en 2005 dans le désert pour éveiller les consciences et émousser les velléités des farouches chantres de la révision de la Constitution de 1990, personne ne peut dire avec certitude aujourd’hui ce qui serait advenu de notre naissante démocratie qui est pourtant admirée et louée du monde entier. Ce qui a amené Mme Adélaïde Fassinou àdire d’elle : « Â amazone des temps modernes, elle est la promesse d’une Afrique en pleine mutation  ».

Marie-Elise Gbèdo l’a adulée et a reconnu en elle trois valeurs : « la vérité, le courage et la combativité ». Elle l’a exhortée àêtre toujours égale àelle-même : « Â Reste toujours belle et bats-toi toujours pour la vérité ».

Martin Assogba est allé plus loin : « Â J’ai demandé àmes filles d’avoir pour modèle Réckya Madougou. Que Dieu te donne longue vie. Je suis très fier de toi  ».

La présidente de l’ong Rifonga Bénin, àcause du noble combat de Réckya Madougou, a voulu faire marcher tout le réseau des femmes de Rifonga nues, pour protester contre la révision de la Constitution. En parlant d’elle, Satchivi a trouvé simplement qu’elle est « Â unique en son genre  ».

Alors, qui est réellement cette énigmatique Réckya Madougou, petite de taille, encore presque dans la fleur de l’âge, mais grande d’idée, baobab inflexible et indéracinable malgré la violence de la tempête ? Et pourtant, c’est elle qui a calmé l’ardeur et la velléité des révisionnistes chevronnés dont le but était d’une part, d’éterniser Kérékou au pouvoir afin d’assouvir leurs intérêt égoïstes au détriment de ceux du peuple, et d’autre part, d’insérer dans la Constitution de nouveaux articles pour barrer la voie àl’avènement du régime du changement du docteur Boni Yayi.

Réckya Madougou a osé parler. Sa parole a été entendue par tout le peuple béninois, car le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Tel un Jean-Baptiste, sa voix a résonné dans le désert pour annoncer la venue du sauveur. Et, malgré la levée de bouclier des rois ‘’Hérode’’ et des ‘’Tribuns’’ pour lui dénier la légitimité du trône du royaume auquel il est prédestiné, l’étoile qui a guidé les rois mages vers sa crèche, qui est le signe des temps, a toujours continué de monter, et avec elle, la voix de Réckya Madougou qui était le verbe devenu chair aujourd’hui pour faire le bonheur des femmes démunies, grâce àla capacité de son ministère de la Microfinance, de l’Emploi des jeunes et des femmes pour mener des actions dans le sens de la réduction de la pauvreté.

Et pour paraphraser Marie-Elise Gbèdo : « Â Sois toujours jeune et belle pour toujours prononcer courageusement la parole de la vérité  », car aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.

Benjamin LISSAVI

EXTRAITS de l’ouvrage

démet pas, d’un pays qui ne se renie pas, d’une jeunesse qui ne renonce pas.  »

P.13 (Préfacière Christiane TAUBIRA)

« â€¯Mon combat pour la parole, la parole engagée et agissante  ! Celle-làqui nous embarque dans le feu de l’action. Car très vite, mon engagement heurtant des intérêts gigantesques dans divers milieux, la parole est devenue mon arme magique contre la triple discrimination dans laquelle les ennemis de la démocratie tentent de m’enfermer. Ce cumul des discriminations auquel mon être devait faire face en même temps que des milliers de mes compatriotes, se résume comme suit  :

 Etre femme dans une société largement machiste au grand dam des droits humains  ;

 Etre jeune, dans un pays àtradition fortement marquée par le droit d’aînesse, n’en déplaise souvent àla notion qualitative de compétences  ;

 Etre militante sur une scène où le militantisme citoyen relatif àla gouvernance est considéré àtort comme essentiellement dévolu aux seuls partis politiques  ; mais la nécessaire neutralité politique de la société civile en question ne saurait aucunement être synonyme d’indifférence àla politique.

C’est cela donc le triptyque de mon « â€¯péché  »â€¯ : être une jeune femme militante. Il s’agit làd’une forme d’exclusion que nous devons combattre avec la plus grande rigueur intellectuelle. Comment pouvait-il en être autrement lorsque nos systèmes, majoritairement dirigés par des hommes et des sexagénaires, ont sombré par manque de souffle  ; que plusieurs aînés ont perdu la boussole de la sagesse, que la classe politique dans sa majorité a échoué par excès de clientélisme au détriment des idéaux fédérateurs  ?  » PP. 19, 20.

« â€¯â€¦ Je place cet ouvrage sous le signe de l’exhortation des maillons vulnérables de notre société, àsavoir les jeunes et les femmes, àl’engagement sans compter au militantisme, contre vents et marées(…) La démocratie est un véritable creuset des paroles engagées au service des opinions constructives dans l’optique d’une justice sociale et de la prospérité (…) Mais si nous nous laissions aller dans notre vigilance de démocrates, nous pourrions tout perdre et réduire ànéant les espérances ainsi que les rêves de plusieurs générations. Nous devons rester sur nos gardes en vue de gagner àtout jamais notre combat pour la parole.  » P. 21.

« â€¯Seule une connaissance réelle des ressorts de la démocratie permettra au peuple de se faire sa place dans cette démocratie. Il ne s’agira plus d’une démocratie de façade faite d’incantations ou de manipulations diverses, de bonnes intentions dont la traduction dans les faits se ferait attendre longtemps, vainement.  » P.133
« â€¯Le seul gage que les Hommes politiques, gouvernants et élus ont le devoir de donner au peuple aujourd’hui pour s’assurer un minimum de crédibilité restera leur dévouement visible et qualifiable àaméliorer le sort des plus démunis.  » P.136

« â€¯â€¦la meilleure éducation civique en démocratie procèdera de la capacité des élites (…) àprêcher par l’exemple et le bon geste.  » P.136
« â€¯L’avenir peut et doit appartenir àceux qui sont censés le subir, les citoyens. Se refuser àinfluencer le cours des choses aujourd’hui, c’est accepter de compromettre la prise de la parole des plus nombreux, les jeunes et les femmes. La relève et le tour de relais imposent une préparation que ces couches doivent entreprendre dès lors en brisant tous les silences.  » P. 161

« â€¯La société civile et les institutions politiques ont un ennemi commun  : la pauvreté humaine. Cette dernière peut compromettre la démocratie et ruiner les espoirs suscités par le renouveau démocratique et les alternances au sommet de l’Etat…  » P. 195

« â€¯Servir son peuple n’aura jamais de prix  ! C’est pourquoi nos combats pour la parole seront toujours d’actualité  ; la parole affranchissant les peuples des affres de la mal-gouvernance et du joug des prédateurs de ses ressources afin de desserrer l’étau de la misère  ; la parole engagée et engageant une ère nouvelle empreinte d’espoir.  » P.200