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RECENTS ENGAGEMENTS DE BONI YAYI EN FAVEUR DE LA GENT FEMININE
lundi 23 mars 2009, par
La vigilance de mise :
Depuis l’engagement du chef de l’Etat à augmenter le nombre de portefeuilles ministériels réservés aux femmes à hauteur de 30 %, le monde féminin et féministe de tous bords ne cesse de saluer ce geste qui honore non seulement les femmes mais aussi la démocratie béninoise.
Mais, un certain nombre d’obstacles pourraient surgir, si l’on n’y prend garde, pour rendre difficile l’application de cette décision du chef de l’Etat.
30 % de femmes au gouvernement, cela équivaut à environ 8 huit sur 24. Cela fait des jaloux et des envieux. Cette promesse du chef de l’Etat fait déjà beaucoup de remous. Il y a d’abord ceux qui ont créé des partis politiques pour espérer être au moins ministres. Ceux-là voient ainsi leurs chances s’amenuiser au regard de l’engagement de Boni Yayi aux côtés de la gent féminine.
Ainsi, leurs porte feuilles sont compromis avec cette entrée massive des femmes annoncée au gouvernement. Il en ressort qu’ils sont frustrés. Avec cette promesse du chef de l’Etat, il est devenu plus facile d’être ministre quand on est femme que quand on est homme et même chef de parti. Il n’est pas à exclure que ces hommes poli¬tiques manoeuvrent dans l’ombre pour que le chef de l’Etat nuance son engagement envers les femmes béninoises.
Face à cet état de choses, les femmes béninoises ne doutent, un seul instant, du sens d’intégrité et de responsabilité de Boni Yayi qui s’est jusque-là montré comme un homme de parole. Ensuite, il faut faire observer qu’au sein des femmes elles-mêmes, règne une certaine absence de sérénité. Il faut avouer que si cet engage¬ment du chef de l’Etat doit se réaliser et être pérennisé, il ne tardera pas à faire bon vivre en politique quand on est femme.
Les amazones doivent prendre de la hauteur et éviter de tirer le drap de leurs côtés. Les consultations du chef de l’Etat sont, certainement, déjà en cours pour trouver ces 8 huit amazones. Autant éviter la polémique au sein des femmes. Une polémique qui va desservir leurs intérêts et aura le mérite de mettre Boni Yayi devant une situation inextricable. Cette polémique pourrait venir des femmes qui s’estiment plus ministrables que les autres ou de celles qui se croiront plus proches du chef que d’autres ou encore de celles qui s’attribueraient la paternité de cet engagement du chef de l’Etat.
Il faut donc éviter à tout prix la guerre et la concurrence entre les femmes. Elles ont donc intérêt à être solidaires de celles qui seront choisies, non pas pour leurs personnes, mais pour représenter les femmes béninoises dans leur totalité. Le chef de l’Etat est plus outillé et maîtrise la situation pour savoir la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Il est inutile que les femmes pensent que c’est maintenant qu’il faut séduire le chef et se donner un manteau pour lequel elles se sont peu sinon pas du tout battues. Cette retenue est indispensable et salutaire au sein de la gent féminine. Le manque de solidarité risque de servir la cause des hommes politiques et autres organisateurs de marches et meetings de soutien, prêts à tous les sacrifices pour figurer au rang des ministres du changement.
Enfin, il y a les hommes membres du gouvernement actuel. Il est évident aujourd’hui qu’avant qu’une femme n’entre au prochain gouvernement, il faille le départ d’un homme. Qui partira ? Qui acceptera d’être candidat volontaire au départ ? Toutes choses qui font croire que la promesse de Boni Yayi a déjà fait beaucoup de mécontents au gouvernement. Pour qui connaît le chantre du changement, nul n’est à l’abri de départ précipité du gouvernement.
Alors, ils vont décupler leurs capacités d’action et multiplier les visites de terrain et autres sorties médiatiques pour venter les qualités messianiques du chef. Tout cela, il est vrai, pourrait rendre plus complexe la formation du gouvernement. En somme, la formation du prochain gouvernement est assez délicate pour Boni YAYI qui devra concilier aspirations politiques et mesures sociales. Ce gouvernement est très attendu, car il y a ceux qui doutent et préfèrent voir les 30% de femmes effectivement nommées au gouvernement avant de croire.
Samuel AHOUANDJINOU
Des femmes leaders se prononcent :
Les polémiques vont bon train après la promesse du chef de l’Etat, le 9 mars dernier, de composer son prochain gouvernement avec 30 % de femmes. Le fera-t-il ou ne le fera t-il pas ? Chaque citoyen y va à sa guise. Approchées, des femmes leaders expriment leur satisfecit mais souhaitent qu’on ne nomme pas des femmes pour en nommer, mais que les promues soient non seulement des femmes aux compétences avérées mais surtout des femmes capables de solidarité avec leurs sœurs à la base.
Laurence Odoulami Montéiro, Sage-femme diplômée d’Etat, femme syndicaliste
«  J’applaudis toutes les décisions du chef de l’Etat dans le cadre du 8 mars. Rappelez-vous qu’il avait promis de rectifier le tir quand les femmes s’étaient insurgées après la formation de son dernier gouvernement. Ses derniers engagements vont dans ce sens et il faut qu’il tienne bon et respecte effectivement les 30 %. Il y a tellement de compétences féminines qu’il n’en souffrira pas. Il ne faut pas qu’il nomme des femmes pour en nommer, mais il faut qu’il choisisse des femmes capables de rassembler les femmes.
Jusque-là , nous remarquons que celles qu’on nomme ne connaissent pas les autres femmes. Elles y vont, oubliant la base et c’est quand elles finissent leur mandat qu’on les retrouve. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi. Certaines femmes brandissent déjà qu’il fallait que le président nous donne 50 % de postes. Je demande à celles-là la patience. La Suède qui a actuellement 50 % de femmes dans son gouvernement n’y est pas allée en un jour. C’est tout un parcours. Les chefs d’Etat avaient promis, depuis un temps en Ethiopie qu’ils respecteraient ce quota de 30 % mais ne l’ont jamais appliqué. Nous avions négocié avec l’ancien président qui n’a pas pu le réaliser avant de partir.
Maintenant que celui-ci s’ engage, aidons-le à le faire. Restons solidaires et que les femmes ne se mettent pas à se crêper le chignon. Pour ce qui est de l’Institut de la femme, j’applaudis également mais il ne faut pas qu’on enregistre des exclusions de femmes. C’est une affaire nationale et qu’il en soit réellement comme telle. »
Pascaline-Victoire Cha-cha, membre de Rifonga Bénin
«  C’est déjà mieux, l’offre est acceptable. Je pense qu’il faut d’abord accepter l’offre. Et en même temps que nous l’acceptons, nous félicitons le chef de l’Etat, le docteur Boni Yayi pour avoir pris cette décision. Et je crois qu’en tant que femme leader, en tant responsable dans une organisation de lutte pour le mieux-être de la gent féminine, le chef de l’Etat vient de donner une bouffée d’oxygène à notre cause. Je ne suis pas trop de l’avis de certaines femmes qui pensent à l’égalité fifty-fifty. Je crois que le pouvoir ne peut en aucun cas se résumer à cette forme de parité.
Ce résultat est le fruit de plusieurs années de combat, faut-il reconnaître. C’est notre lutte commune, c’est la lutte de toutes les femmes du Bénin et pourquoi pas du monde. C’est aussi la lutte des hommes, car il faut le reconnaître, nous ne pouvons rien faire sans eux. J’invite mes pairs à garder le lien séculaire. Je les invite à cultiver l’amour dans les associations et mouvements dans lesquels elles militent. Elles ne doivent pas cultiver des idées visant à détruire ou à nuire à leur prochain. C’est à ce seul prix que nous pouvons aller loin.
Je crois que le Bénin dispose de femmes capables de travailler efficacement aux côtés du chef de l’Etat, le docteur Boni Yayi. Elles sont par dizaines et par centaines ces femmes intellectuelles qui peuvent valablement nous représenter dans le gouvernement. J’ai confiance en nous et je pense qu’ensemble, la victoire sera toujours à nous  ».
Innocentia Guèdègbé, Directrice exécutive de l’Apfm
«  Cette décision du gouvernement, selon moi, paraît comme une fuite de responsabilité du chef de l’Etat. J’ai l’impression que tellement il se sent harcelé par nos réactions que j’estime légitimes, qu’il fait cette promesse pour avoir la paix. C’est un peu pour dire : «  vous avez demandé ; en voici ! Prenez les femmes et calmez-vous  ».
Les fruits de notre combat à nous, ne serait être limité à cette promesse. Encore qu’elle n’engage que celles qui y croient. Pour moi, la blessure laissée par le départ des femmes du gouvernement défunt de Boni Yayi et récemment l’absence remarquable de femmes dans l’organisation du pouvoir territorial est une parjure à notre personnalité. Nous n’avons pas encore oublié. Et je dirai plus, je crois le chef de l’Etat sur acte et non sur promesse. Je veux bien voir les femmes selon le taux décidé dans le gouvernement avant de croire au bon vouloir du chef de l’Etat.
Je le jugerai donc sur les efforts, sur les résultats de ses décisions, car nous n’avons aucune garantie qu’il va tenir sa promesse. Ne nous a-t-il pas montré l’exemple ? La question sur la compétence des femmes m’irrite davantage. C’est à croire qu’il n’y a pas de femmes intellectuelles au Bénin. Il existe au Bénin des femmes talentueuses meilleures aux hommes. La preuve, dans les gouvernements défunts, plusieurs femmes de la trempe de Vicentia Boco, de Flore Gangbo, de Bernadette Agbossou Sohoudji et bien d’autres ont travaillé de façon ardue pour hisser leur département au niveau voulu par le chef.
Qu’ont-elles fait pour être mutées aussi vite. Nous avons dans le gouvernement actuel des ministres hommes qui font tout le parcours du chef de l’Etat. Ils étaient là au début, ils y sont encore. Et seule la divine Providence pourra dire leur date de départ. Je dirai que la compétence féminine existe bel et bien au Bénin. Et comme j’ai toujours l’habitude de le dire dans mes discours, «  à compétences égales, priorité à la femme.  ».
Fatoumatou Zossou, représentante nationale de l’Organisation non gouvernementale japonaise «  Hunger Free World  »
«  30% de femmes annoncées pour le prochain gouvernement du docteur Boni Yayi, je crois que c’est légitime. Je félicite le chef de l’Etat pour avoir perçu cette légitimité. Nous, femmes béninoises et du monde, sommes majoritaires dans tous les secteurs de la vie. Il est donc normal qu’on nous implique dans le développement de la nation. La situation a trop duré et je crois qu’elle ne saurait encore perdurer.
Depuis toujours, nous avons été reléguées au second rang dans le processus de développement de cette même société qui affirme que nous sommes majoritaires. Alors, à chacun son mérite. Et je pense que l’heure est enfin venue pour que nous soyons rétablies dans notre droit légitime. Cette décision aura aussi l’avantage d’éveiller chez certaines femmes le dynamisme et l’entrain. Rien qu’ à voir de plus en plus les leurs travailler aux côtés du chef de l’Etat, les nombreuses femmes qui hésitent encore pour s’afficher vont prendre le pli et c’est le pays qui s’en sort gagnant.
Lorsque j’entends les hommes dire que nous ne sommes pas entreprenantes, nous ne nous engageons pas, moi je trouve que c’est une atteinte à notre personnalité. En effet, je voudrais que l’on me sorte la liste des femmes qui n’ont pas pu faire leurs preuves au sein d’une structure, d’une organisation ou encore celles qui ont fait piètre figure à un poste politique. Vous en trouverez difficilement, elles sont très peu nombreuses. Je le dis, nous sommes majoritaires au sein de la population et nous sommes pétries de talents. Moi, en ce qui me concerne, je suis la seule femme au sein de mon organisation. Je suis encadrée sur le plan national bien évidemment, par des hommes.
Mais laissez-moi vous dire que lorsqu’il s’agit d’élaborer un programme ou un projet, nos partenaires ont toujours préféré mes réflexions à celles des hommes. Je n’ai pas ici la prétention de dire que mes projets sont toujours les meilleurs, mais je confirme que mes travaux sont meilleurs. Les femmes sont pragmatiques, entreprenantes et combatives. Le chef de l’Etat ne sera pas déçu de nous avoir fait confiance. Avoir 30% de femmes dans le gouvernement, c’est aussi résoudre un mal sociologique au Bénin : celui de la timidité chez certaines d’entre nous. Boni Yayi veut donc corriger le mal par le bon exemple, montrer à celles qui hésitent encore que les femmes sont aussi capables que les hommes.
Les femmes peuvent aussi suivre des réunions politiques comme les hommes. Les femmes peuvent rentrer aussi tard comme les hommes. En prenant cette décision, Boni Yayi va faire un pas vers la promotion et la valorisation de la femme. Et cela fera tâche d’huile tant au Bénin qu’à l’étranger. Dans notre système d’éducation au sein de la population par exemple, il nous arrive de descendre avec des femmes modèles, des femmes qui dirigent des séances, des femmes qui organisent des réunions. L’approche recherchée dans cet exercice est le modèle. Démystifié l’invincibilité de l’homme dans les tâches pour le développement  ».
Natacha Aguiar étudiante MBA, Gestion des ressources humaines
«  30% de femmes au gouvernement, c’est déjà un bon début quand on sait que les femmes ont longtemps réclamé une présence assez importante dans la gestion des affaires de l’Etat. Si le président de la République a pu accorder ce pourcentage aux femmes, c’est le témoignage de ce qu’il est conscient de ce besoin que les femmes ont toujours exprimé. Je pense que c’est un début et qu’il faut que ce pourcentage puisse augmenter grâce à l’action de celles qui feront partie des 30%.
Il est important que ce petit pourcentage de femmes puisse s’affirmer et montre qu’elles ont un rôle important à jouer. Il ne s’agit pas de le crier haut et fort, mais plutôt de le prouver par une gestion active assez orientée pour le développement de tout notre pays. Avoir une majorité d’hommes au gouvernement ne garantit pas une gestion efficace. D’ailleurs, une majorité de femmes ne le garantit non plus. Mais s’il peut déjà y avoir une parité, tout peut se jouer à ce niveau  ».
Carine Dagnon, revendeuse
«  C’est une bonne initiative, car les femmes savent faire beaucoup de choses, il suffit de nous mettre à l’épreuve. Les femmes peuvent faire beaucoup de choses. Regardez un peu autour de vous et admirez la combativité de la femme béninoise ! Il y en a qui sont même dans les sociétés privées de gardiennage. C’est dire que ce qu’un homme peut faire, une femme peut le faire également. Je souhaite même qu’une femme devienne présidente de la République un jour et que cela soit de mon vivant.
En tout cas, c’est ma prière. Les hommes que nous avons actuellement au pouvoir ne font rien d’extraordinaire qu’une femme ne puisse faire. S’il y a plus de femmes au gouvernement, les hommes vont changer. Regardez l’heure à laquelle les hommes viennent au service. Ce n’est pas possible quand vous faites la comparaison avec la femme qui, elle, se réveille très tôt pour faire les travaux domestiques et pourtant, va à l’heure au service.
Elle fait toujours preuve, dans ses préoccupations, d’une bonne planification. En tout cas, je soutiens pleinement cette initiative du président Boni YAYI et je prie toujours pour lui parce que c’est un homme qui pense aux femmes.  »
Propos recueillis par la Rédaction