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- EDIT0RIAL - Seule fibre forte, le coton serre nos viscères

lundi 26 mai 2008, par Dignité Féminine

La persistante crise alimentaire que vit, depuis quelque temps, la communauté internationale en général et le Bénin en particulier ne saurait blanchir les dirigeants africains quant àleurs politiques agricoles peu adaptées aux réalités locales.

Que des produits importés du Nord connaissent des flambés de prix incontrôlables, cela est certes insupportable, mais plus compréhensible que la raréfaction et le renchérissement de produits locaux auquel on assiste. Malgré les milliards que le gouvernement béninois débourse pour atténuer les effets de cette crise, elle persiste mettant ainsi ànu, les insuffisances d’une politique agricole unijambiste adoptée par le Bénin depuis quelques temps. La diversification agricole s’impose àjamais, si l’option n’est pas celle de continuer àproduire l’or blanc, cette fibre qui serrera davantage nos viscères.

Elle n’épargne aucune nation, la flambée des prix des produits enregistrée depuis un temps. Diverses raisons expliquent ce renchérissement des produits. Il trouve ses causes dans l’augmentation du prix du baril du pétrole , la demande de plus en plus croissante de certains pays en produits vivriers, eu égard àla croissance de leurs populations et l’utilisation des produits agricoles dans la fabrication des biocarburants s’accorde t-on àreconnaître. Mais en marge de ces raisons planétaires, l’Afrique en général et le Bénin en particulier gagneraient àfaire leur autocritique et àchercher plus proche les raisons endogènes du renchérissement et de la raréfaction des produits locaux.
Que le problème de l’autosuffisance alimentaire se pose avec une telle acuité dans un pays comme le Bénin à80% agricole, il urge de remettre sérieusement en cause la politique agricole jusque-làadoptée. Sans être un professionnel de la chose agricole, notre mémoire nous rappelle encore les bonnes initiatives de la période révolutionnaire qui ont favorablement mis en valeur les vastes et fertiles superficies de terres qui ne demandaient qu’àêtre emblavées.
Même s’il faut reconnaître que la messe n’a pas trop duré, inconscience et mauvaise gestion dont faisaient preuve les cadres chargés de la mise en oeuvre obligent, l’initiative demeure noble et on gagnerait àla rééditer avec plus de sérieux et en mécanisant l’agriculture. Malheureusement, l’appât de produits de rente l’a emporté sur la production des vivriers qui serviraient directement àla survie des populations.

Le gouvernement du changement pas lui non plus, su prendre à
temps la mesure du drame qui guettait le Bénin. Tellement obnubilé
par la croissance àdeux chiffres (ambition noble mais àconcrétiser
méthodiquement), le gouvernement du Dr Boni Yayi a, dès sa prise de
pouvoir, focalisé toute son attention sur la filière cotonnière. Au total,
près de 14 milliards de francs avaient été injectés dans le coton pour des
résultats mitigés et loin des prévisions. En effet, d’une production de190
000 tonnes en 2005, on a eu 241 000 tonnes en 2006 contre une prévision de 600 000 tonnes, objectif non atteint.
En 2007, on aurait enregistré une production de 270 000 tonnes et on prévoit de produire 320 000 tonnes en 2008. Le drame est que ces relatifs progrès se font au détriment de la promotion des autres filières qui, ainsi déconsidérées dictent aujourd’hui leurs lois. Le kilogramme de maïs localement produit à300frs ? On se croirait sur une planète. Et pourtant, nous sommes bien au Bénin, pays suffisamment choyé par dame nature avec une végétation et pluviométrie enviables de plus d’un. Le réel problème est celui d’une politique agricole déséquilibrée et qui s’est, pendant longtemps, refusé àpromouvoir de manière équitable les potentialités régionales du Bénin.

Même quand il s’est agi de promouvoir le riz, les divers actions et acteurs
semblent faire preuve d’un manque criard de synergie qui, si l’on n’y
prend garde, annihilerait tous les efforts consentis. Quel objectif précis
de production de riz se donnent par exemple la SONAPRA , TUNDE,
l’ADRAO, l’INRAB, VECO, les organisations paysannes locales et le
ministère de l’Agriculture d’ici à5ans et quelles stratégies de moyens
déploient-ils ensemble pour y arriver ? Si des réponses apaisantes à
ces interrogations existent, elles ne devraient pas être secrètes et donc
sues de nous.
A quand une politique de promotion ordonnée des filières
maïs, arachide, haricot, mil, sorgho et autres ?

La présente crise doit éveiller en nous la volonté de produire en quantité
et en qualité les produits de notre propre alimentation, si nous ne voulons pas avoir des devises et crever de famine. Produire et consommer local, exporter le surplus, telle devra être notre devise et non pas celle de courir aveuglément derrière les produits de rente qui nous serrent les viscères.

Honorine H. ATTIKPA

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